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l’apparition de l’esprit évoqué ; elles n’ont, jusqu’à présent, été données qu’incomplètement, par un des auteurs anti-maçonniques, lequel ne paraît avoir connu que la première et la dernière. À la séance dont je rends compte ici, elles furent prononcées on ourdou-zaban.

Le grand-maître dit, le premier :

« Esprit de Lumière, Esprit de Sagesse, dont le souffle donne et reprend la forme de toute chose ; toi devant qui la vie des êtres est une ombre qui passe ; toi qui montes les nuages et qui marches sur l’aile des vents ; toi qui respires, et les espaces sans fin sont peuplés ; toi qui aspires, et tout ce qui vient de toi retourne à toi ; mouvement infini dans la stabilité éternelle, sois béni !

« Nous te louons et nous te bénissons dans l’empire changeant de la lumière créée, des ombres, des reflets et des images, et nous aspirons sans cesse à ton immuable et impérissable clarté. Laisse pénétrer jusqu’à nous le rayon de ton intelligence et la chaleur de ton amour ; alors, ce qui est mobile sera fixé, l’ombre sera un corps, l’esprit de l’air sera une âme, le rêve sera une pensée. Et nous ne serons plus emportés par la tempête ; mais nous tiendrons la bride des chevaux ailés du matin, et nous dirigerons la course des vents du soir pour voler au devant de toi.

« Ô esprit des esprits, ô âme éternelle des âmes, ô souffle impérissable de la vie, ô soupir créateur, ô bouche qui aspires et respires l’existence de tous les êtres dans le flux et le reflux de ton verbe éternel, qui est l’océan du mouvement et de la vérité ! Amen. »

Le frère Campbell dit, à son tour :

« Roi terrible, toi qui tiens les clefs des cataractes du ciel et qui renfermes les eaux souterraines, dans les cavernes de la terre ; roi des pluies fécondantes du printemps ; toi qui ouvres les sources des fontaines et des fleuves ; toi qui commandes à l’humidité, qui est comme le sang de la terre, de devenir la sève des plantes ; ô toi dont le nom ineffable est en sept lettres, nous t’adorons et nous t’invoquons !

« À nous, tes mobiles et changeantes créatures, parle, parle, roi divin, dans les grandes commotions de la mer, et nous tremblerons devant ta majesté ; mais parle-nous aussi dans le murmure des eaux limpides, car nous désirons ton amour.

« Ô immensité infinie, océan sublime de la divinité, dans lequel vont se perdre tous les fleuves de l’être, qui renaissent toujours en toi !… Ô infinité et éternité de toutes les perfections ! hauteur qui te mires dans la profondeur, profondeur qui t’exhales dans la hauteur, amène-nous à la véritable vie par l’intelligence de ton amour éternel !… Amène-nous, par le sacrifice, à l’immortalité que l’esprit du mal nous ravit au commencement des siècles ; nous sommes prêts à nous immoler à toi, pour être