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suite. Elle s’élevait en l’air avec tant d’impétuosité que plusieurs personnes pouvaient à peine la retenir. Elle faisait aller et venir les plus gaillards comme des bouchons de paille. Elle grimpait sur des branches d’arbres comme un écureuil. »

Le médecin fait une longue description de la difformité de ses traits, de sa langue, tantôt d’une longueur ou d’une largeur démesurément grande, de la torsion de ses membres, de ses cheveux hérissés, « droits comme des serpenteaux ». Elle faisait entendre les cris de tous les animaux, émis de son gosier dans la perfection. Elle était parfois enflée subitement, à un tel point « qu’on croyait qu’elle allait crever à l’instant » ; et, tout à coup aussi, elle se dégonflait au commandement de l’exorciste.

Son démon la rendait quelquefois si noire, lui donnait des yeux si flamboyants qu’elle était épouvantable. Il fallait parfois jusqu’à huit personnes pour la contenir.

Pichard a consigné encore, dans le procès-verbal, les violences qu’elle se sentait contrainte d’exercer. Le duc de Lorraine lui-même ne fut point épargné ; elle le prit un jour par la barbe et le fit marcher à reculons. On l’entendit souvent proférer des injures des plus grossières et d’horribles obscénités, bien qu’elle fût une personne pieuse et de la meilleure éducation.

Don Calmet, le célèbre érudit français, le grand théologien, une des gloires de l’ordre des bénédictins, déclare qu’il ne peut citer un exemple plus propre à persuader qu’il y a des possessions réelles. (Des apparitions, tome II, chapitre 26.)

Le certificat, en date du 12 décembre 1619, déclarant que la possession ne peut être niée, est signé de Charles de Lorraine, ainsi que de Juillet, Viardin, Simonin, Léonard, Irénée, Oudin, etc., tous théologiens appartenant à divers ordres monastiques, hommes éclairés et d’un rare mérite.

Selon l’opinion générale, voici quelle aurait été la cause de cette possession. La dame de Ramphain, étant veuve, fut recherchée en mariage par un médecin nommé Poirot ; celui-ci, ayant été éconduit, recourut à des pratiques magiques. Cette cause est adoptée sans hésitation par divers auteurs catholiques, notamment par l’abbé Lecanu, dans son Histoire de Satan (page 389). Poirot, reconnu sorcier, fut brûlé comme tel (Dom Calmet, ibidem).

madeleine bavan

Le procès de Madeleine Bavan est universellement connu.

Tourière du couvent de Louviers, Madeleine fut soupçonnée d’avoir