Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/759

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui était là ; sans doute, c’était le Zaren évoqué ; mais ce n’était certes ni la baguette magique ni le pentagramme retourné qui protégeaient mon collègue palladiste. Il était, j’en suis convaincu encore, protégé à son insu par la médaille de saint Benoît cousue dans le cordon qu’il avait revêtu par erreur.

James Power, agitant de plus belle ses ustensiles, triomphait en voyant reculer le dragon d’acier, qui renversait tout dans sa marche en arrière.

— Le maleach est impuissant ! s’écriait-il, le maleach est vaincu !

Finalement, Zaren s’évanouit, tout d’un coup, comme il était apparu, mais en laissant après lui une fumée tellement puante qu’il fallut ouvrir de suite toutes les fenêtres ; sinon, je crois, les assistants auraient été, sinon asphyxiés, du moins malades à vomir.

À la sortie, je ne manquai pas de reprendre à Power mon cordon, et je m’en retournai, réfléchissant profondément à ce qui venait d’arriver.

C’est un fait, auquel les fervents catholiques croient avec raison : quand l’Église a béni et indulgencié une médaille, Dieu récompense souvent, par des marques d’une protection spéciale, celui qui la porte avec dévotion, et quelquefois même une médaille de la Vierge Marie ou d’un saint a sauvé d’un grand péril telle personne qui l’avait sur elle, sans s’en douter, grâce au pieux subterfuge d’une parente profondément croyante.

D’autre part, l’exemple que je viens de citer démontre une fois de plus que l’aventure du soldat de Fontainebleau est une légende inadmissible ; car, s’il s’agissait là d’une histoire vraie, la médaille que portait le capitaine aurait provoqué la défaite du démon. Le diable, vaincu par les saints, l’est à plus forte raison par la Mère de Dieu.

Cela, les bons catholiques le comprennent ; les indifférents, les sceptiques, les esprits forts et les chrétiens superficiels, qui sont à mettre dans le même panier, en rient et traitent de « billevesées du moyen-âge » les miracles divins et les prestiges diaboliques ; quant aux palladistes, vous ne leur arracherez pas de la tête l’idée folle que, dans un cas d’obsession tel que celui de James Power, c’est la vertu du pentagramme qui a triomphé d’un maleach.


J’en arrive, pour terminer ce chapitre, à l’obsession personnelle à laquelle j’ai été en butte, fait qui se place chronologiquement à la première nuit écoulée après le passage du Menzaleh devant Gibraltar.

Ici, c’est une sorte de confession que je fais à mes lecteurs, et j’ai besoin de toute leur indulgence.

Ils verront comment le démon s’y prit pour m’attaquer. Ah ! il faut reconnaître qu’il m’enveloppa habilement. Il procéda contre moi par