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n’était aucunement en rapport avec son volume ; elle pesait plus de deux cents livres, et il fallut se mettre à trois personnes pour la transporter au sacrarium du temple.

On fabriqua, afin de conserver dignement le cadeau diabolique, un écrin splendide et colossal ; depuis lors, l’objet bizarre, qui ne s’est jamais desséché et qui paraît, aujourd’hui comme en 1884, d’excision récente, est devenu légendaire chez les palladistes.

En 1884, je n’étais pas à Louisville. Par conséquent, je n’ai point assisté à la séance où Asmodée fit don aux Onze-Sept de ce prétendu trophée. Je ne parle ici qu’en témoin auriculaire ; je rapporte tout uniment ce qui m’a été affirmé par des personnes déclarant l’authenticité de cette apparition et de ses conséquences. Ces faits m’ont été certifiés par les frères Kolb-Gérard, James Gordon, Nathan Pixly, et par la sœur Ellen Gerbel, amie intime de Diana Vaughan. Je n’ai eu l’occasion de voir que deux fois seulement la sœur Diana : à New-York, où elle est actuellement grande-maîtresse d’honneur ad vitam du grand triangle Phébé-la-Rose, et à Paris, où elle vient assez fréquemment et toujours volontiers.

Lui ayant demandé la confirmation de ce qui m’avait été allégué, elle me répondit :

— À l’époque où Asmodée se manifesta pour la première fois à Louisville, je n’étais pas encore affiliée au Palladisme. Donc, sur ce fait, je ne sais rien que ce qui m’a été dit par nos frères et sœurs, présents à la séance…

Puis, brusquement, elle changea le cours de la conversation, et ne me fournit aucun renseignement sur les autres faits qu’il me reste à relater et que j’ai sus par ailleurs.

Après ces premières explications, il est peut-être utile de faire ressortir combien le conte bleu raconté par le sous-lieutenant de Lucifer est grotesque et ne tient pas debout. Je ne suis pas grand expert en théologie, je connais mon Évangile comme un simple et humble catholique, laissant à de plus savants et de plus autorisés que moi le soin de controverser sur les questions douteuses ; mais, à moins de me tromper fort, il me semble, il m’a toujours semblé qu’il n’existe pas de lion de saint Marc, que ce lion est un animal purement symbolique, un attribut de l’évangéliste, à lui donné parce que ce disciple de Notre-Seigneur Jésus-Christ commence son récit en exposant la prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert. Asmodée s’est donc effrontément moqué des Onze-Sept ; il leur a fait cadeau d’une queue de lion quelconque, et ceux qui ajoutent foi aux mensonges, le plus souvent stupides, des esprits infernaux, ont une fière dose de crédulité superstitieuse, on le recon-