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porté en haut par l’amour, comme un oiseau est porté par ses ailes…

« … Une fois, j’allais voir un malade. C’était au printemps ; les buissons étaient remplis de petits oiseaux qui se tourmentaient la tête à chanter. Je prenais plaisir à les écouter, et je me disais : « Pauvres petits oiseaux, vous ne savez pas ce que vous dites ! Comme c’est dommage ! Vous chantez les louanges de Dieu… »

Et voilà l’homme aux pensées si bonnes et si douces, voilà le saint dont les matérialistes incrédules, et les mauvais chrétiens, stupides dans leur aveuglement, ont osé dire que c’était un hystérique ou un fou !


Nous venons de voir un cas bien caractéristique d’obsession persécutrice. Mais, ainsi que je l’ai dit, en dehors des personnes pieuses que le diable assiège avec fureur par haine, pour leur faire du mal, il y a d’autres obsédés, des esprits faibles, par exemple, à qui les démons se manifestent plus ou moins fréquemment, cherchant à les capter, soit en leur rendant certains services en échange de leur âme, soit en exerçant sur eux un empire réel, basé sur la terreur qu’ils leur inspirent et dont ces malheureux égarés ne savent pas secouer le joug.

Ces deux catégories d’obsédés existent dans les Vocates Procédants, gens sur la pente de l’abîme et qui finissent par y rouler en devenant Vocates Élus. Quant aux palladistes « parfaits initiés », c’est-à-dire frères Hiérarques et Mages Élus et sœurs Maîtresses Templières, ils sont tous des obsédés, cela est indiscutable, et même beaucoup d’entre eux sont vraiment des possédés dans toute l’acception du terme, soit par intermittence, soit (le très petit nombre) à l’état latent.

La séance secrète du Lotus Saint-Frédéric nous a montré que les esprits infernaux ne se bornent pas, vis-à-vis de ceux qui les évoquent sciemment, à leur donner des spectacles prestigieux, dépourvus de toute supercherie et appartenant bel et bien à l’ordre des choses surnaturelles, mais encore qu’ils se fâchent contre leurs fidèles quelquefois, les malmènent durement, les battent comme le négrier rosse ses esclaves ; il est vrai que ces fanatiques aveugles attribuent aux esprits du feu les services rendus, et les coups, aux maleachs.

Avec le diable, incohérent et capricieux comme le mal dont il est le principe, on ne sait jamais exactement à quoi s’attendre. Il lui arrive même, — je me hâte de dire que les cas de ce genre sont exceptionnels, — d’obséder, parmi les fidèles de sa contre-Église, telle créature, en lui accordant une sorte de privilège incompréhensible, dont les parfaits initiés eux-mêmes, et les plus familiers avec les démons, ne peuvent s’expliquer le motif. Cette palladiste privilégiée n’éprouvera aucune mésaventure dans les triangles ; Lucifer ou l’un de ses sous-ordres de haute