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ne réside que dans une hallucination particulière au fou, mais qui ne se traduit nullement par la façon particulière dont l’acte est commis, exécuté ; car sa façon d’agir est celle de tout le monde, de l’homme le plus calme et le plus sensé.

J’ajoute, comme dernière preuve à l’appui de ce que j’avance, que le fou est — ceci est un fait d’observation, — toujours un isolé. Il ne s’unit pas à d’autres fous ou à des sages, il est solitaire, il ne complote pas. C’est un impulsif et non un réfléchi.



CHAPITRE XXIII

L’Obsession.




J’en ai fini avec les notions qui nous étaient indispensables pour différencier nettement des choses, nettement différentes aussi, hystérie, folie, possession.

Nous avons vu que l’hystérie est une maladie connue, classée, étudiée, que l’on provoque même à volonté ; le diagnostic de l’hystérie est des plus faciles. Nous avons vu aussi que la folie est une maladie, une vésanie, dont le diagnostic est des plus faciles également. Ce sont là des choses scientifiques, médicales, qui peuvent paraître ou être même extraordinaires, mais qui ne sont en tous cas pas surnaturelles. Nées dans le domaine de la médecine, elles y doivent rester et constituer l’un des chapitres de cet art dont elles ressortissent complètement.

Mais il en est tout autrement de la possession surtout, et aussi de l’obsession qui s’y rattache, deux états qui relèvent du surnaturel, — bien que dans l’obsession il n’y ait pas pénétration complète du démon dans le corps de la créature en butte à ses assauts.

Puisque nous avons une méthode scientifique d’une rigoureuse précision, nous allons essayer de l’appliquer à l’obsession et à la possession ; nous allons essayer d’esquisser son tableau clinique, sa symptomatologie ; et, tout de suite, au seuil même de cette étude, l’impossibilité va se dresser devant nous, et immédiatement aussi, nous comprendrons, sans qu’il soit nécessaire d’aller plus loin, qu’il y a là quelque chose qui nous échappe, un secret de Dieu, qui fuit l’analyse scientifique comme la synthèse, et qui ne ressortit que de lui. L’Église seule, dans ce cas, a le droit de parler et d’élever la voix.