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plus et pourtant il rend ; le cœur devient arythmique ; les secrétions se suppriment ou surabondent jusqu’à l’incontinence ; tout s’arrête brusquement, puis repart comme au pas de course, dans un désordre inexprimable et complet ; la vie végétative se bouleverse entièrement : des fonctions se suppriment momentanément, pendant que d’autres se créent ; des phénomènes extraordinaires se montrent, qui paraissent renverser toutes les lois de la nature ; des maladies en apparence formidables paraissent subitement éclater, qui tout à coup avortent ou disparaissent ; et tout cela pendant que, au milieu de ce déchaînement de la vie animale, le sujet qui en est le théâtre reste calme, sans fièvre, sans altération de la nutrition et de la vie, qui suivent leur cours normal, comme un petit ruisseau son cours tranquille au milieu et entre des torrents déchaînés.

Et, chose plus singulière encore, renversante, c’est que ce système nerveux maintenant en délire, qu’aucun cerveau n’est là pour pondérer et qui ne semble pas en relation avec le cerveau, va, tout à coup aussi, entraîner dans l’orbite folle de son incohérence le système nerveux cérébro-spinal tout entier.

Dorénavant, tout sera annihilé. Le cerveau pensant qui commande obéira ; système musculaire, système osseux, intelligence, conscience, tout sera annihilé et aux ordres de ces quelques ganglions animaux ; la vie intelligente sera suspendue, et pour un instant, l’homme s’échappant à lui-même, descendra au rang de bête inconsciente.

Une maladie, la seule connue, du système sympathique vient d’éclater : c’est l’hystérie, que nous venons de dessiner à grands traits, et dans l’étude de laquelle il nous faut entrer maintenant.

Résumons tout d’abord, en un petit tableau très succinct, ce que nous venons d’exposer :

Chez l’homme, deux ordres de manifestations vitales : 1° celles de la vie de relations, soumises à l’empire de la volonté et dirigées par le cerveau et la moelle épinière ; 2° celles de la vie végétative, inconscientes à l’état normal, automatiques et en apparence dirigées par des amas de substance nerveuse, disséminés dans les tissus des organes. Ces deux ordres de manifestations évoluant synchroniquement, mais en quelque sorte indépendamment les unes des autres ; puis, tout à coup, sous l’empire d’une maladie du deuxième système, toute la sphère vitale bouleversée et soumise à l’action incohérente du grand sympathique en quelque sorte atteint de folie. Telle est la façon dont, dans son ensemble, il faut comprendre l’hystérie.

Voyons-la se produire maintenant, étudions-la, et nous verrons bien que nous avons affaire là à une maladie, naturelle, malgré ses apparences