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ne procèdent pas non plus, mais se traînent, avec leurs tables tournantes, leur typtologie, leurs écrivasseries, dans le domaine du lieu commun rebattu, dans une sorte de scorie scientifique. Et cela seul les condamne et les suspecte d’imitation, partant de supercherie.

Ici, par contre, nous la trouvons d’une manière frappante, cette marque distinctive de l’intervention infernale. Des procédés tout à fait nouveaux, des faits et des phénomènes, que la science n’a encore ni observés ni partant enregistrés ; qui l’étonnant, parce qu’ils sortent du cadre ordinaire, parce que, disons le mot, ils côtoient le surnaturel. Qu’un coin ordurier seulement s’y montre maintenant, et, quant à moi, cela ne fera plus l’ombre d’un doute, l’esprit malin est là, et déjà j’en suis matériellement certain. Et puisque l’Église est muette dans son enseignement sur la question du peresprit, puisqu’elle ne le reconnaît pas, c’est qu’il n’existe pas.

L’ordure ne s’est pas jusqu’à présent produite, dans le cas d’Eusapia Paladino ; mais, depuis la relation du Figaro, les phénomènes se sont, paraît-il, encore mieux caractérisés, si cela est possible. La lanterne rouge est remplacée par la lumière ordinaire des lustres d’un salon, allumés d’un côté du rideau ; le rideau ne pend pas jusqu’à terre, et l’on peut circuler tout autour pendant la durée des expériences ; aux mains mystérieuses se sont ajoutés les bras, que l’on aperçoit très distinctement ; enfin, sitôt la disparition des mains et des bras en question, le bloc de terre glaise se projette de lui-même à travers l’ouverture pratiquée dans le rideau, et vient retomber contre le mur vis-à-vis, portant en creux l’empreinte profonde des deux mains inexplicables.

Qui donc produit ces phénomènes stupéfiants ? La conclusion est facile, elle s’impose.

Eusapia Paladino, si elle n’est pas encore une extatique luciférienne, n’est évidemment ni une hallucinée, ni une obsédée, ni une possédée ; et il faut absolument, maintenant que nous connaissons la catégorie des Vocates Procédants, c’est-à-dire de ceux qui sont appelés et qui vont vers, l’y ranger.

Instrument ou agent, Eusapia Paladino est aujourd’hui une luciférienne « en puissance » ; demain elle sera une extatique, et c’est par elle que l’esprit du mal amorce le matérialisme ; il se sert d’elle comme le pêcheur d’un appât. Goujons scientifiques ne manquent pas, on le sait, en ce siècle, qui, de gaité de cœur, s’iront faire dévorer par le brochet Satan.

En disant qu’Eusapia Paladino est médium Vocate Procédant (c’est le terme employé par les occultistes lucifériens), le lecteur entend bien que je ne dis pas qu’elle est palladiste, c’est-à-dire qu’elle appartient