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teur comprenne bien et ait une juste notion de l’ensemble, lui montrer qu’à côté de cette foire, il existe un spiritisme spéculatif ou scientifique, le spiritisme que des professeurs célèbres et des savants distingués, appartenant à toutes les parties de la science officielle, ne dédaignent pas d’étudier dans ses manifestations, et qui, je dois le dire tout de suite, a une importance capitale.

Tandis que, en effet, nous venons de le voir, les esprits sont tout-à-fait étrangers à la production des phénomènes dans le pseudo-spiritisme, ici par contre, ils s’y intéressent et y prennent part.

En deux mots, pour dire toute la vérité, Lucifer dédaigne les acrobates. C’est à peine si d’intervalles à intervalles il vole dans ce milieu une âme trop penchée sur l’abîme, sachant bien au fond que les charlatans de cette espèce lui appartiennent déjà sûrement ; quant aux nigauds, égarés dans ces sociétés de jongleurs, il paraît les négliger en général, attendant sans doute une meilleure occasion de les faire tomber tout autrement entre ses griffes. Mais aussi, dès que s’élève le niveau des gens se livrant à cette branche de l’occultisme, dès qu’il sent qu’il a affaire à des âmes intelligentes, instruites et capables de lui échapper, alors il se met en frais de coquetterie, il fait des avances, envoie quelques-uns de ses aides les plus directs accompagnés de leurs légions, et alors des manifestations se produisent, discrètes encore, mais surprenantes, qui déroutant l’esprit, font réfléchir le savant qu’elles frappent, et, par le matérialisme au moyen duquel il s’acharne à les expliquer, le mènent tout droit à l’enfer.

Voilà donc les deux premières divisions du spiritisme : 1o le pseudo-Spiritisme des charlatans et des jongleurs, spiritisme des tables tournantes, non inoffensif évidemment, puisqu’il habitue les gogos à des pratiques que l’Église condamne formellement ; 2o le spiritisme de ceux que l’on appelle les Vocates Procédants, c’est-à-dire (la traduction est caractéristique) ceux qui sont appelés et qui marchent vers… vers quoi ? on le devine ; essentiellement nocif, celui-là, car il cache, sous les dehors de l’expérimentation et de l’étude scientifique, l’irréligion la plus absolue, le mépris voulu et affiché des lois de l’Église. Ceux qui se livrent à ce spiritisme intermédiaire sont des appelés du diable, et demain la plupart seront des élus, car ils ne tarderont pas à comprendre ; le diable fera tout ce qu’il pourra, emploiera tous les moyens, toutes les embûches pour les avoir complètement à lui.

Ceux d’entre eux alors qui auront compris et qui n’auront abdiqué leur matérialisme que pour s’éloigner davantage de Dieu, ceux-là passeront au rang et sous la bannière des spirites lucifériens ou Vocates Élus. Inutile d’expliquer maintenant ces mots. À ce troisième degré, c’est le