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de l’Inde ; puis, entre le continent chinois et l’Australie, île immense, toute la Malaisie, Sumatra, Java, Bornéo, les Célèbes, les Moluques, les Philippines, tous les archipels, innombrables, de l’Océanie, pour tout dire ; et, sur les côtes de Chine, Haï-Nan, Hong-Kong, Formose ; puis encore, les Lieou-Kieou, qui font une ligne de petites îles parsemées entre Formose et le Japon ; enfin, le grand empire insulaire du Japon, et les Kourilles, qui constituent encore une ligne nettement tracée d’îles depuis Yéso jusqu’à la pointe du Kamtchatka. Tout cet énorme ensemble borde la mer des Indes, l’océan Pacifique, c’est-à-dire d’incommensurables étendues, et toutes ou presque toutes ces îles sont volcaniques. Qui ne connaît, en effet, le Fusi-no-yama du Japon, les tremblements de terre si fréquents dans cette région qu’on en a pu compter jusqu’à neuf cents par jour ? les bouleversements intermittents dont les Philippines sont le théâtre ? Enfin, qui n’a entendu parler de la catastrophe toute récente de Krakatoa ?

Ces vestiges volcaniques et l’aspect de l’ensemble montrent que, très probablement, toutes ces îles ne sont que les restes, les points élevés d’un vaste continent qui jadis a existé là, et qu’un bouleversement, d’une puissance prodigieusement extraordinaire, a fait disparaître, tandis que l’Afrique, dont le niveau central est, on le sait, bien au-dessous de celui de l’Océan et formait autrefois le fond d’une mer, apparaissait, surgissant du sein des flots.

Quelle a été la cause de ce bouleversement, de ce cataclysme effroyablement terrible des plus lointaines époques de l’humanité ? Dieu seul le sait. Mais, ce qui prouve bien qu’il a eu lieu et que ces terres, aujourd’hui disjointes, étaient jadis réunies, c’est que leur faune et leur flore, leurs animaux et leurs plantes, sont les mêmes et appartiennent exclusivement à des espèces de transition : les makis, par exemple, au corps de singe et à la tête de carnassier, formant la transition entre les deux espèces ; les kanguroos et l’ornithorynque, la transition entre les vertébrés et les invertébrés.

On trouve là des animaux qui ressemblent à des plantes, et des plantes qui ressemblent à des animaux ; des animaux qui se nourrissent de fleurs, et des fleurs qui se nourrissent d’animaux, qu’elles prennent au piège, qu’elles tuent, mangent et digèrent ; des plantes qui se promènent, et des animaux immobiles ou à peu près ; des champignons et des fougères énormes comme des arbres, et des arbres petits comme des champignons ; des hommes, enfin, qui ont l’aspect de singes, et des singes qui ressemblent à s’y méprendre à des hommes ; des fourmis, des araignées, des mouches, gigantesques, hors de toutes proportions, et des oiseaux, par contre, des chevaux, des bœufs, infiniment petits ; et, der-