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spiritisme-là ajoute, toutefois, que pour entrer en communication avec les mortels le peresprit a besoin d’un intermédiaire, le prétendu médium, lequel à son tour a besoin d’intermédiaires ou d’instruments divers, tables, chapeaux, pipes ou autres balivernes, pour rendre sensibles, tangibles, les communications ou les impressions qu’il reçoit et dont il n’est en d’autres termes que l’interprète, le traducteur.

« Ainsi donc, peresprit, médium, guéridon, tels sont, si je ne me trompe, les trois termes de l’équation qu’il s’agit de résoudre pour arriver à dégager l’x du prétendu spiritisme.

« Essayons cette opération scientifique et mathématique.

« Le peresprit, d’abord.

« Je conçois jusqu’à un certain point qu’un catholique s’incline devant certains mystères que sa religion lui apprend, parce qu’il croit que là il y a révélation, tradition, et nous savons que même beaucoup de ceux qui ne croient pas sont obligés de baisser la tête, de courber le front et de se soumettre à des lois qu’un principe que je n’hésite pas à reconnaître éternellement très-haut et très-puissant a posées. Ce principe, nous le combattons comme essentiellement mauvais, barbare, injuste et funeste ; nous espérons, nous croyons qu’une victoire vengeresse, qu’un triomphe définitif du principe contraire et de ses légions de bons esprits le réduira à jamais à l’état inoffensif ; mais précisément parce que nous ne contredisons surtout nos adversaires que sur la question d’interprétation de la divinité, nous reconnaissons l’existence de tout un ordre de choses supérieures, surnaturelles, et, mieux même que nos adversaires, nous le constatons ; car, eux, ils croupissent dans la doctrine des révélations mensongères, car ils sont aveuglément embourbés dans l’immondice des traditions fausses, tandis que nous, qui basons notre jugement sur les faits indéniables, nous avons des preuves palpables, réelles et répétées, comme ils n’en ont certes pas !

« Quoiqu’il en soit, il existe en tout homme quelque chose qui lui fait sentir l’influence d’une intelligence, d’une force supérieure dont son âme émane et auprès de laquelle elle retournera après la mort.

« Ainsi donc, nous touchons du doigt la réalité de l’existence de l’âme passagèrement unie au corps ; nous croyons au second parce que nous le voyons, et à la première parce que d’instinct nous y croyons, parce qu’une raison suprême doublée d’un sentiment inné nous apprend son existence, parce qu’elle est une nécessité fondamentale de l’ordre de choses préétabli de toute éternité.

« En est-il de même du peresprit ? Tandis que l’âme se révèle d’elle-même à nous par les manifestations les plus grandioses qui se puissent concevoir, par les splendides facultés de l’intelligence humaine qui crée