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que le mérite de l’invention remonte aux Gnostiques des premiers siècles de l’ère chrétienne.

C’est un gros pâté de bâtisse massive, au milieu duquel serpentent des corridors étroits (1 mètre 50 de largeur), aux murs uniformes, enduits de stuc, sans aucune décoration.

On y pénètre par sept portes, chacune ayant à son fronton le nom d’une des vertus cardinales lucifériennes : Porte Labor, Porte Ubertas, Porte Caritas, etc.

La principale utilisation du Labyrinthe Sacré a lieu pour la sélection des Kadosch du Palladium que les chefs décident d’élever au grade de Hiérarque. Une promenade au labyrinthe équivaut, en quelque sorte, à un examen. Lorsqu’on pense que tel Kadosch a enfin bien compris quel est le grand secret, on lui propose, un soir, une promenade au Labyrinthe Sacré. On lui fait faire le tour de la galerie circulaire ; on lui montre les sept portes ; on l’invite à réfléchir de son mieux, en lui disant qu’une de ces portes, une seule, conduit à la vraie lumière : c’est à lui de faire un bon choix avant de s’engager à l’intérieur du dédale.

En jetant un coup d’œil sur le plan, le lecteur se rendra facilement compte de ce qui se passe. Si le Kadosch palladique s’engage par n’importe quelle entrée autre que celle de la Porte Ignis, il erre à travers des corridors qui communiquent les uns avec les autres par des ramifications multipliées ; il aura beau tantôt prendre à droite et tantôt à gauche, revenir sur ses pas, recommencer sa route à l’une quelconque des bifurcations pour reprendre dans un nouveau sens ; quoi qu’il fasse, au lieu de trouver le but de ses recherches (qui doit être le Sanctuaire de la Vraie Lumière), il reviendra fatalement à l’une des six mauvaises portes, après plus ou moins de détours et de temps perdu ; il peut même arriver qu’il sorte précisément par la porte où il est entré. Ces corridors, non seulement constituent un enchevêtrement inextricable, mais encore tantôt montent et tantôt descendent, passent au-dessus et au-dessous les uns des autres, sans que celui qui y circule puisse soupçonner la raison de ces montées et de ces descentes : il est là, livré à lui-même, muni d’une lanterne sourde qui lui permet de constater qu’aucune embûche ne lui est tendue, mais qui lui est insuffisante pour se guider, car il n’a aucun point de repère et voit partout le même mur et la même voûte. Il est bientôt dérouté, désorienté ; et quand il est sorti par une des portes donnant sur la galerie circulaire, il n’a plus le droit de rentrer par une autre porte pour recommencer ses recherches ; l’expérience est terminée.

La bonne entrée, c’est celle de la Porte Ignis. Le corridor, dont le sol incline en légère descente, n’est point long. Au bout de quelques pas, on tourne à gauche, puis à droite, et l’on se trouve en présence d’une porte