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qu’il pratique un grand nombre de grades cabalistiques ; un initié de Memphis et Misraïm a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent d’être appelé au Palladisme par les hiérarques recruteurs.

Quant aux Old-Fellows, ils se livrent à toutes les œuvres de théurgie, ainsi que les frères de la San-ho-hoeï ; ils fonctionnent séparément, les uns au Canada, les autres en Chine, et sont en correspondance régulière avec le Suprême Directoire Dogmatique. La San-ho-hoeï seule traite avec Charleston sur le pied d’égalité.

Ce n’est pas tout encore. L’activité prodigieuse d’Albert Pike a constitué des Inspecteurs Généraux et des Inspectrices Générales en mission permanente, agissant isolément et qui correspondent directement avec le pouvoir suprême central. Là aussi, il n’y a pas exclusivement que des lucifériens. La tactique d’Albert Pike consistait à écarter autant que possible de la direction des loges et arrières-loges les athées, les libres-penseurs sceptiques et les spiritualistes à idées vagues ; mais, quand un de ces athées et autres maçons non lucifériens parvenait, par son habileté personnelle, à se créer une influence maçonnique réelle, le grand-maître de Charleston, loin de le dédaigner, réussissait toujours à se l’attacher, sous prétexte de marche parallèle à suivre vers le but commun. Aussi, ne faudra-t-il pas s’étonner de trouver, dans la liste des Inspecteurs Généraux et Inspectrices Générales que je donnerai plus loin, des noms de personnes qui n’appartiennent pas au Palladium Réformé Nouveau. Les palladistes, je les montre spécialement, au cours de cet ouvrage, au fur et à mesure que j’ai à m’occuper d’eux personnellement. Ma liste ne sera donc pas une liste particulière de lucifériens ; il importe que ceci soit bien compris : je la publierai uniquement pour montrer de la façon la plus claire tous les rouages de la haute maçonnerie en ces temps-ci.


Maintenant, après avoir fait connaître Albert Pike dans son œuvre d’organisation générale, il me faut le présenter au lecteur comme chef du Suprême Conseil du Rite Écossais pour la juridiction sud des États-Unis ; car c’est là ce qui confond l’imagination, on se demande comment cet homme pouvait avoir la tête aux questions secondaires, même aux questions de détail, tandis qu’une vie ordinaire suffirait à peine à la direction universelle de la secte. Certes, il n’est qu’une façon de s’expliquer cette chose prodigieuse : c’est que le Suprême Directoire Dogmatique n’est pas une œuvre humaine, mais un simple instrument agissant sous l’inspiration directe du démon.

Albert Pike menait de front les affaires de la maçonnerie universelle, grâce à la coopération zélée des palladistes et aux dévouements qu’il