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ment, par un émissaire secret de Berlin, le dossier de toutes les propositions qui ont été formulées au Souverain Directoire Administratif relativement aux moyens jugés utiles pour propager les principes de l’association soit d’une manière générale dans le monde entier, soit d’une façon plus spéciale dans tel ou tel pays.

Ces propositions d’abord discutées, par exemple, au mois de janvier, il les examine, il coordonne les avis divers qui ont été émis, et du tout il dresse, dans le courant de février, un rapport, sur lequel votent, au mois de mars, les sept membres du Directoire qui se trouvent à ce moment-là en fonctions à Berlin. Sur ces sept membres, grâce au système de roulement expliqué ci-dessus, il y en a toujours au moins deux qui faisaient partie du Directoire lors du dépôt des propositions et qui peuvent fournir aux nouveaux venus des explications complémentaires, en cas de besoin.

Les propositions ne peuvent passer au dossier du délégué-rapporteur, institué par les chefs suprêmes de Charleston et de Rome, que si elles ont obtenu un vote favorable de cinq voix sur sept, et elles ne sont adoptées définitivement, au deuxième mois qui suit, que si elles réunissent l’unanimité des suffrages.

Ce n’est pas tout : si, lors du premier vote de la mise au dossier du délégué-rapporteur, il y a, sur une proposition, deux opposants, ou même un seul opposant, le rapporteur, dans son mois d’examen, en réfère au Chef d’Action politique, à Rome ; si celui-ci désapprouve la proposition, c’est-à-dire s’il joint son opposition à celle de la minorité, le dépôt du rapport est ajourné, et le Suprême Chef Dogmatique est aussitôt saisi de la question ; dans ce cas, soit qu’il approuve, soit qu’il désapprouve, c’est son opinion qui prévaut.

En d’autres termes, une proposition qui rencontre quelque peu d’opposition au Directoire de Berlin, et qui n’est pas approuvée ensuite par le chef de Rome, est tranchée souverainement par le chef de Charleston ; la franc-maçonnerie tout entière n’a plus qu’à s’incliner.

Quant au délégué aux finances, c’est aussi un examinateur et un rapporteur. Il n’a pas de mouvement de caisse ; il ne s’agit nullement d’une centralisation de fonds entre ses mains. Son rôle consiste, avec l’aide de frères comptables sous ses ordres, à dresser les bilans généraux de l’ordre, comme le ferait un expert assermenté.

L’argent lui-même, il ne le manie pas, puisque chaque pouvoir maçonnique de n’importe quel rite dispose de ses recettes comme il l’entend, cela dans chaque pays, sauf les prélèvements convenus au profit de la direction suprême qui doit les employer uniquement pour les affaires d’intérêt universel ; mais ce délégué, nommé d’un commun accord par les deux chefs de Rome et de Charleston, passe en revue tous les chiffres,