Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péremptoirement, et cela leur suffit. On peut leur répondre qu’en niant sans avoir examiné, ils prouvent ni plus ni moins leur ignorance. Cantonnés dans leur parti-pris, ils ignorent que la magie, blanche ou noire, théurgie ou goétie, a plus que jamais des adeptes. Ils ne savent pas établir une ligne de démarcation nécessaire entre les divers pratiquants du spiritisme.

Or, les gens qui se livrent aux évocations se partagent en deux classes bien distinctes : 1° les charlatans faisant œuvre de supercherie, dont les trucs plus ou moins habiles finissent toujours par être démasqués, ce qui fait dire que le spiritisme et autres prétendues sciences du même genre sont professées par des mystificateurs au détriment de la badauderie de naïfs mystifiés ; 2° les occultistes, qui n’opèrent que dans le plus grand mystère, entre initiés soigneusement triés, et qui, contrairement aux spirites vulgaires, cachent leurs réunions, ainsi que leurs résultats obtenus.

Les sceptiques ont donc tort de ricaner. De la duperie dont sont victimes les spirites de parade, ils concluent à la non-existence des pratiques diaboliques à notre époque. Ils parlent ainsi sans savoir, sans connaître, en vrais étourdis ; et, s’ils prenaient la peine de s’informer, de procéder à une enquête comme je l’ai fait, ils auraient bientôt changé d’opinion.

Car l’occultisme est en pleine prospérité en Europe, en Asie, en Amérique, dans toutes les contrées, dans tous les pays du monde. Il a, en plein Paris, des repaires ; et M. Huysmans, lorsqu’il a consacré l’an dernier un volume à cette question, n’a rien inventé, quoiqu’ayant donné à son œuvre la forme du roman ; la messe noire se dit bel et bien ; le satanisme a ses fidèles, ses fervents. C’est horrible, c’est abominable, mais c’est ainsi. Grand nombre de prêtres, a qui quelqu’un de ces égarés est venu, en un jour d’affolement salutaire, faire ces épouvantables confidences, le savent ; et, s’ils se taisent, eux, c’est parce qu’ils sont liés par le secret de la confession. Les religieux ont surtout la spécialité de ces confidences ; les malheureux qui reviennent à Dieu, après avoir volontairement et sciemment servi le diable, s’adressent presque toujours à un moine, de préférence à un membre du clergé séculier, pour retrouver la paix de leur âme, implorer le pardon, s’offrir à expier ; ce fait est constaté. Les sceptiques, n’ayant pas l’habitude de consulter les prêtres et encore moins les religieux, ne savent donc rien de ce qui se passe dans les autres de l’occultisme, absolument rien.

D’autre part, il est des catholiques, — esprits un peu superficiels, il est vrai, — qui se tiennent le raisonnement suivant : « À qui le démon se manifesterait-il ? pourquoi se manifesterait-il ? Ce à quoi tendent tous