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nous tous sous ces ruines ; que tout s’écroule, que tout soit anéanti !… Punissez le crime, mon Dieu, car votre patience doit être lasse. Qu’importe que je trouve la mort au milieu du cataclysme mérité par tous ces immondes coquins ! l’essentiel est que vous fassiez justice, et que l’exemple soit éclatant…

Encore une fois, je me sentis enveloppé dans un tourbillon ; les objets augmentaient de grandeur autour de moi, puis soudain diminuaient. Néanmoins, je marchai toujours d’un pas lent, mais assuré, ferme. Enfin, j’arrivai à l’orient ; j’en gravis les degrés. Alors, à ce moment, je n’eus plus aucun trouble de la vue ni de l’ouïe. Une fraîcheur de rosée se répandit sur moi ; je respirai librement, j’étais dans toute ma raison et dans toute ma force.

Qu’allais-je faire, ou bien, qu’allait-il arriver ?…

Je tenais le glaive ensanglanté, dans ma main droite, mon bras levé en l’air, mais bien résolu à ne pas frapper Yéo-hwa-tseu.

Tout à coup, je sentis sur mon épaule droite les deux petits coups secs que j’ai déjà expliqués au lecteur ; et instantanément, j’entendis un coup formidable qui ébranlait la porte du temple. Je me retournai, ainsi que tous les assistants. La porte venait de s’ouvrir, comme poussée par une main invisible, et, sur le seuil, se tenait debout… qui ?… Philéas Walder !

Oui, Philéas Walder, que j’avais laissé à Pointe-de-Galle, se dirigeant sur l’Europe, avec Cresponi ; Walder qui, en admettant qu’il eût changé d’idée et pris le premier paquebot après le mien, en direction de la Chine, n’avait pu débarquer à Shang-Haï que quinze jours après moi, et je venais à peine d’y arriver !

Et c’était bien lui, tout au moins en apparence… Ou j’étais devenu subitement fou, et je croyais voir ce que je ne voyais pas, ou Walder possédait le don d’ubiquité, et cela, je me demande s’il est admissible seulement de le supposer ; ou bien enfin, quelque esprit infernal, se jouant des occultistes chinois et voulant m’en imposer à moi-même, nous apparaissait là, sous les traits vivants, bien vivants, du lieutenant d’Albert Pike.

Sur la question de savoir si j’étais sous le coup d’une hallucination, je vais donner dans un instant une preuve caractéristique, qui lèvera tous doutes à ce sujet et établira péremptoirement que j’ai vu, bien vu, réellement vu.

— Arrêtez, mes frères, arrêtez ! clama Walder ; c’est à moi que revient l’honneur de donner l’entrée du ciel à l’élu de notre Dieu… J’ai appris, il y a quelques instants, là où j’étais, que ma fille vient de tomber gravement malade ; j’ai su, en même temps, qu’un sacrifice du sang allait être offert ici au Dieu-Lumière, roi des esprits du feu ; c’est pourquoi, afin