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viniser Jésus, attendu, dit-il, que les francs-maçons n’ont jamais songé à mettre sur leurs autels Pic de la Mirandole et Heinecken.

Mais, ajoute la légende de la maçonnerie palladique, Jésus ne se borna pas à cultiver la science de la magie, dès son jeune âge ; il donna aussi l’exemple du travail manuel, et il apprit l’état de menuisier, augmentant ainsi par les bénéfices de cette profession les ressources de sa famille.

Maintenant, je cite textuellement quelques lignes de cette ignoble légende ; que le lecteur surmonte comme moi son dégoût.

« Arrivé à l’âge de trente ans, est-il dit dans l’instruction, le fils de Mirzam se trouva être le sujet d’une manifestation éclatante et surprenante de production instantanée de toutes les forces de guérison nécessaires, et cela en vertu de la loi de la nature qui veut deux genres de progrès, l’un du temps, de chaque instant, de chaque seconde, l’autre instantané, producteur de métamorphoses subites, bien connues dans l’ordre végétal et animal ; le fils de Mirzam en a été l’un des types les plus complets dans l’ordre nominal (sic). »

Comprenne ce pathos qui pourra. Je continue :

« Aussi le peuple ne le désigna-t-il que sous le nom de guérisseur, qu’il exprimait en disant : Iésus, du radical iésis, guérison. Et ce surnom de Jésus lui est resté et est devenu son nom distinctif. »

Miss Arabella écoutait attentivement cet évangile travesti, comme l’écoutent toutes les femmes et jeunes filles qui se vouent au satanisme.

Poursuivons en citant textuellement :

« Ce don de guérison des maladies du corps, d’une force toute particulière, dont était doué le guérisseur, le Jésus, et dont les effets se manifestaient comme ceux d’une loi naturelle, ajouté à des idées très élevées, à une logique très grande et à une bonté sans mesure, firent de Jésus la personnalité la plus marquante de son époque en Judée.

« Il captivait les foules par ses discours semés d’admirables paraboles, telles que celle du mauvais riche que nous connaissons tous : le riche égoïste dédaigne la misère du pauvre, de Lazare, qui, n’ayant même pas les miettes tombant de la table du capitaliste dévorant, en est réduit à attendre que le chien du maître veuille bien lui abandonner un os à demi rongé. Jésus stigmatisait ainsi la propriété, le capital, flétrissant leurs abus, leur despotisme. »

On remarquera avec quelle perfidie la franc-maçonnerie s’empare de la parabole du mauvais riche pour faire du socialisme à sa façon. Il y a vraiment un art satanique dans ce travestissement de l’Évangile.

Je note, en passant, un autre travestissement, celui-ci absolument infâme, de l’épisode relatif à la femme adultère, que le Christ, miséricordieux