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autre que le démon Papus, un des capitaines de l’armée de Belzébuth, un des commandants de légions, des sombres phalanges de Lucifer.

Et ne croyez pas que je m’exprime au figuré. Non, certes, je vous l’assure. Pour moi, M. le docteur Papus est très réellement en état de possession, et il offre un des cas les plus curieux à étudier : la possession raisonnante.

Du reste, il suffit de le regarder un instant pour être fixé : quand il parle dans une conférence, sitôt qu’il entame une critique de la religion, le corps a un soubresaut et se renverse fortement en arrière ; mouvement qui a été souvent constaté chez les possédés et qui, notamment, est consigné, à de fréquentes reprises, dans les procès-verbaux de Loudun ; quant à l’œil, il flamboie, même lorsque le docteur n’est sous l’empire d’aucune émotion. Enfin, le seul choix du nom qu’il a adopté est un signe caractéristique : on ne voit pas, on n’a jamais vu, sauf ce cas-ci, un jeune homme de vingt-et-un ans, plein d’intelligence, en dehors de tout atavisme, sain de corps et d’esprit, renier tout à coup son nom de baptême pour prendre un nom de diable ; non, cela n’est pas naturel.

C’est en lisant la Médecine Nouvelle, de Louis Lucas, que le jeune Papus s’est senti attirer vers l’occultisme.

Papus est, de tous les occultistes actuels, celui qui a fait le plus d’efforts pour fondre en un seul corps les différentes sectes ou coteries de l’occultisme ; et cela, avec le projet, fermement poursuivi, mais irréalisable, d’asseoir la doctrine sur une base qu’il rêve scientifique, base qui ne se trouve, d’après lui, que dans les idées que recèle la tradition occulte, toujours la même à travers les âges, et dont la révélation doit faire crouler tout l’édifice scientifique actuel. Papus est, dans le magisme moderne, un éclectique et un critique, s’adressant tour à tour à toutes les sources occultes d’où peut sortir cette prétendue lumière qui doit éclipser toutes celles que la science a cru tirer de ses expériences et de ses théories.

L’ensemble de ses œuvres, déjà très nombreuses, est l’histoire la plus complète que nous ayons de cette prétendue tradition ésotérique qui remonte à Zoroastre ou à Moïse. Il se donne comme le révélateur de la vraie Kabbale « à laquelle Franck n’a rien compris, dit-il, faute de connaissances spéciales suffisantes » ; et pourtant il dédie avec force louanges à ce même Franck son livre sur la Kabbale. Ces contradictions sont encore une marque de l’inspiration diabolique.

D’autre part, le docteur Papus (ou plutôt le diable de ce nom) prône bien haut un certain nombre de révélateurs, ceux qui étaient évidemment, comme lui, des instruments directs de Satan :

Louis Lucas, dont les expériences et les théories aboutissent à « faire voir mécaniquement l’origine du principe de la vie » ;

Hoëné Wronski, l’auteur du Messianisme, ou Réforme absolue du savoir