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gentilhomme est jugé par l’Étoile, organe d’un groupe en rivalité avec le Martinisme :

« M. de Guaita passe ses jours dans un isolement prodigieux : il a laissé les sciences occultes absorber son âme. Chimiste distingué, partisan de la méthode mathématique, disciple de Spinoza, de Paracelse, de Schelling et des Néo-Platoniciens, il aspire à s’identifier avec l’absolu par l’anéantissement de la conscience individuelle ; travaillant, quasi en maniaque, son idée dans la solitude.

« Il a expliqué longuement deux des principaux Arcanes ou Pantacles de Khunrath : la Rose-Croix, ou le resplendissement du Verbe ou de l’Adam-Kadmon, et le Grand Androgyne hermétique, l’image de l’Adam-Ève universel, produisant l’âme collective et ne faisant plus avec elle qu’une seule et même chose, le Verbe.

« Il y a deux hommes en Guaita : le baudelairien de la Muse noire, penché sur les profondeurs perverses, et l’exégète des Pantacles de Khunrath. » (L’Étoile, 1890, page 224.)


Parlons de Papus. Celui-ci est un jeune docteur en médecine, vingt-neuf ans à peine ; mais il a déjà accumulé nombre de volumes d’occultisme. Chef de laboratoire, conférencier et mage, voilà son triple aspect ; je n’ai à le voir et à le présenter ici que sous le pseudonyme qu’il s’est choisi : « Papus, médecin, daimon de la première heure ». Ce pseudonyme diabolique n’est pas, du reste, un masque équivalant à l’anonyme, comme tels et tels de ces noms de certains hauts-maçons, pris ou imposés pour rendre impossible toute recherche ; loin de là, c’est un nom définitivement adopté et sous lequel le docteur occultiste se présente, en chair et en os, à qui le demande, non seulement chez lui, mais en public.

Il est profondément regrettable que cet homme de talent se soit, dès ses débuts dans la vie, laissé entrainer dans le tourbillon du satanisme. Négligence, puis oubli total des devoirs religieux, fréquentations frivoles, mauvaises lectures, il n’en faut pas davantage pour qu’une âme bien douée se perde et roule au plus profond des abimes ; Papus est un exemple vivant, qui nous apprend où peuvent conduire des plaisanteries irréligieuses de quartier latin, et que le Chat-Noir, sous ses apparences joyeuses, recélant toutes les perfidies de l’impiété, est une des portes de l’enfer.

Est-il entièrement responsable du mal qu’il fait ? Je ne le crois pas. La faute personnelle, à mon avis, a été pour lui dans les premières chutes ; mais, depuis 1886, c’est-à-aire depuis huit ans, ce n’est certainement pas lui-même qui agit. Il y a en lui un second être, celui-ci surnaturel, qui s’est installé en son corps, le dirige, le meut, tient la plume avec laquelle il écrit, émet les sons qui de sa gorge s’échappent en blasphèmes, et qui n’est