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du verbe de ma volonté… » Celui qui se parle ainsi sans trouble ne court, certes, aucun danger ; il mérite le nom d’adepte. »

Avec tous les occultistes, de Guaita professe que « la Genèse est une cosmogonie transcendante où les plus profonds arcanes de la Sainte Kabbale sont symboliquement et hiéroglyphiquement révélés. Mais la Kabbale est fille de l’Hermétisme égyptien, dont les mythes primordiaux furent puisés à la grande source hindoue. » Ses vues historiques n’ont rien d’original : il reprend pour son compte les hypothèses rebattues de Fabre d’Olivet et de Saint-Yves d’Alveydre, sur le gouvernement synarchique du cycle de Ram, l’ancien âge d’or des poètes, sur la transmission ininterrompue du sacerdoce magique à travers les âges, depuis Hermès-Thoth jusqu’aux Mahatmas de Mme  Blavatsky, en passant par Appollonius de Tyane et Julien l’Apostat. « Victime deux siècles plus tard, dit-il de celui-ci, d’une tentative analogue à celle d’Apollonius, l’empereur Julien expirant put bien lever au ciel ses mains défaillantes, pleines d’un sang loyal inutilement répandu, et s’écrier, lui, l’adepte et-le sage, — avec plus de lassitude que de ressentiment : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Le christianisme n’est qu’un produit de la secte des Esséniens, et les Gnostiques recueillent le trésor de la tradition occulte perdu dans l’Église et la hiérarchie naissante. « Vint le jour où, révélé dans ses plus secrètes formules, le dogme ésotérique fut jeté en proie (par les gnostiques) à la stupidité des foules. L’éblouissante lumière aveugle les yeux faibles ; à la vue de la suprême sagesse, les ignorants se jugèrent blessés dans leur sottise ; ils crièrent au scandale. Ainsi l’Église dut anathématiser l’inscription sublime du temple, la raison positive et la base réelle du dogme : cette Gnose sainte des adeptes, qui, témérairement traduite en la langue des multitudes, était devenue pour leur imbécillité l’objet du pire scandale — un mensonge ! »

Quels sont les maitres favoris de Stanislas de Guaita ? Nombreux sont les occultistes passés dont il célèbre la science, depuis Paracelse, Henri Khunrath, Knorr de Rosenroth, jusqu’à Saint-Martin « dont les livres, — autant d’inextricables brouillards, — sont traversés de sublimes éclairs ». Le plus grand de tous, un contemporain qu’il proclame son maitre immédiat, c’est Éliphas Lévi, « un magiste complet. Les cercles concentriques de son œuvre embrassent la science entière, et chacun de ses livres, témoignant d’une signification précise, a sa raison d’être absolue. Son Dogme enseigne ; son Rituel prescrit ; son Histoire adapte ; sa Clef des grands mystères expliquent ; ses Fables et Symboles révèlent ; son Sorcier de Meudon prêche d’exemple ; enfin sa Science des Esprits apporte la solution des plus hauts problèmes métaphysiques ; l’œuvre totale constitue la plus cohésive, absolue et inattaquable synthèse qu’un occultiste puisse rêver. » Cependant, il trouve une lacune