Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sophique de la sorcellerie à toutes les époques, que doivent suivre deux autres parties : la Clef de la Magie Noire, et le Problème du Mal.

Pour Stanislas de Guaita, comme pour Éliphas Lévi, la science magique recèle des secrets d’une réalité formidable :

« La haute science ne saurait être l’objet d’une curiosité frivole : le problème est sacré, sur lequel ont pâli tant de nobles fronts, et questionner le Sphinx par caprice est un sacrilège jamais impuni. À votre demande indiscrète, l’Inconnu formule une réponse inattendue, si troublante que l’obsession en demeure à jamais en vous. Le voile du mystère irritait votre curiosité ? Malheur à vous de l’avoir soulevé ! Il retombe aussitôt de vos mains tremblantes, et l’affolement vous possède de ce que vous avez cru voir. Ne sait pas qui veut distinguer le rayon divin du reflet mille fois réfracté dans les milieux denses de l’illusion terrestre, et cet arcane sera élucidé plus tard… Il est une porte qu’on ne peut franchir sans entrer en rapport avec certaines forces, desquelles on devient fatalement le maitre ou l’esclave, le directeur ou le jouet. Puissances que Moïse a symbolisées sous la figure du serpent qui réduit l’homme en esclavage, si l’homme ne le soumet d’abord, en écrasant du pied sa tête… Outre les maladies de cœur, outre la mort imminente par congestion cérébrale, outre des dangers de nature plus étrange, que nous signalerons à leur heure, — la pratique imprudente de l’hypnotisme, à fortiori, de la magie cérémonielle, ne manque pas d’inspirer à l’expérimentateur un insurmontable dégoût de la vie. Éliphas lui-même, — tout adepte qu’il fût, et d’un ordre supérieur, — avoue avoir ressenti, à la suite du curieux essai de nécromancie qu’il fit à Londres en 1854, un profond et mélancolique attrait pour la mort… « Heureux, s’écrie le célèbre Dupotet, ceux qui meurent d’une mort prompte, d’une mort que l’Église réprouve ! Tout ce qu’il y a de généreux se tue ! » Les exemples de pareils faits pullulent dans l’histoire. Jérôme Cardan se suicide (1576) pour ne pas faire mentir l’astrologie. Schræppfer, de Leipsig, au comble de sa gloire de nécromancien, se fait sauter la cervelle (1774). Le spirite Levater meurt mystérieusement. Quant au sarcastique abbé de Montfaucon de Villars, qui tourna si fort en ridicule le comte de Gabalis, peut-être ne sait-on guère le dernier mot de sa fin tragique (1673). »

Selon de Guaita, pour échapper à ces dangers, il suffit de ne pas se laisser troubler par de vains prestiges et de cuirasser ses sens contre toute illusion :

« L’expérimentateur qui se dit avec calme : « Mon cœur n’a que faire de battre plus vite ; la force invisible qui déplace ces meubles avec fracas est un courant odique soumis à mon vouloir ; la forme humaine qui se condense et se masse dans la fumée de ces parfums, n’est qu’une coagulation fluidique, reflet coloré du rêve de mon cerveau, création azothique