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N’oublie jamais que l’Universel Adam est un Tout homogène, un Être vivant, dont nous sommes les atômes organiques et les cellules constitutives. Nous vivons tous les uns dans les autres, les uns par les autres ; et fussions-nous individuellement sauvés (pour parler le langage chrétien), nous ne cesserions de souffrir et de lutter qu’une fois tous nos frères sauvés comme nous !

L’Égoïsme intelligent conclut donc comme a conclu la Science traditionnelle : l’universelle fraternité n’est pas un leurre ; c’est une réalité de fait.

Qui travaille pour autrui travaille pour soi ; qui tue ou blesse son prochain se blesse ou se tue ; qui l’outrage, s’insulte soi-même.

Que ces termes mystiques ne t’effarouchent pas ; nous sommes les mathématiciens de l’ontologie, les algébristes de la métaphysique.

Souviens-toi, Fils de la Terre, que ta grande ambition doit être de reconquérir l’Éden Zodiacal, d’où tu n’aurais jamais dû descendre, et de rentrer enfin dans l’Ineffable Unité, hors de laquelle tu n’es rien, et dans le sein de laquelle tu trouveras, après tant de travaux et de tourments, cette paix céleste, ce sommeil conscient que les Hindous connaissent sous le nom de Nirvana : la béatitude suprême de l’Omniscience, en Dieu.

Stanislas de Guaita, S∴ I∴


L’Ordre Martiniste a un Suprême Conseil, dont le président est le F∴ Papus, franc-maçon (33e). Les initiations ont lieu, une fois par mois, dans un local dénommé « Salle Fabre d’Olivet ».

Je parlerai de Papus, plus loin. D’abord, disons quelques mots du mage noir Stanislas de Guaita : le marquis de l’avenue Trudaine est, à Paris, une personnalité importante dans le monde diabolisant.

Stanislas de Guaita est proclamé par les occultistes contemporains « le représentant le plus élevé de la science occulte considérée dans ses développements philosophiques. » Ses Essais de sciences maudites l’ont placé au premier rang des théoriciens de l’occultisme. Sous le rapport du style, il relève surtout d’Éliphas Lévi, et il se donne même comme poursuivant sa tâche. Ainsi que lui, d’ailleurs, il se dit héritier de toute la science des anciens mages et des anciens sanctuaires, — héritier de la cabale et du gnosticisme, « relevant plus spécialement de l’Initiation hermétique et kabbaliste ». Disciple des adeptes de tous les âges, dont la vie, depuis les gnostiques jusqu’au xviiie siècle lui apparaît comme un constant martyre : « vénérables excommuniés, patriarches de l’exil, fiancés de la potence et du fagot, ils ont vécu leur agonie ; ils ont écrit leurs symboles, qu’aujourd’hui nous déchiffrons… Si l’on ne brûle plus les initiés, on les raille et les calomnie. Ils sont résignés à l’outrage, comme leurs pères — les martyrs. »

En 1886, un opuscule, intitulé : Au seuil du mystère, annonçait la publication prochaine d’un corps de doctrine cohésif « devant sublimer cette haute philosophie des maîtres. » Cette haute philosophie est contenue dans le volume paru depuis : Le Serpent de la Genèse (1891), une histoire philo-