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rites qui se combattent et qui, en effet, ne présentent rien de vrai à la pensée ? N’est-ce pas là où, l’imagination de l’homme n’ayant plus de frein, tout est l’ouvrage de son caprice et de son aveugle volonté ? N’est-ce pas là, par conséquent, où tout doit paraître indifférent à la raison, puisqu’elle ne voit plus de rapports entre ce culte et l’être auquel les instituteurs et les partisans veulent l’appliquer ?

« Nous avons vu que, malgré tous les raisonnements sur la nature, les hommes étaient obligés de se soumettre à ses lois ; nous avons assez fait connaître que les lois de cette nature étaient fixes et invariables, quoique, par une suite des deux actions qui sont dans l’univers, — (du bon et du mauvais principes), — leur accomplissement fut souvent dérangé.

« Nous savons donc déjà avec évidence qu’il est dans la nature corporelle une puissance supérieure à l’homme et qui l’assujettit à ses lois. Si l’homme est soumis à cette nature, à plus forte raison le sera-t-il aux principes supérieurs qui la dirigent et la soutiennent. Que produira donc tout ce qu’il pourra faire, imaginer, dire, instituer contre les lois de ces principes supérieurs ? Loin qu’ils en soient le plus légèrement altérés, ils ne font que montrer davantage leur force et leur puissance en laissant l’homme qui s’en éloigne livré à ses propres doutes et aux incertitudes de son imagination et en l’assujettissant à ramper tant qu’il voudra les méconnaitre.

« Nous ne pouvons donc plus douter que la raison de toutes ces différences que les nations nous offrent dans leurs dogmes et dans leur culte ne vienne de ce que, dans leurs institutions, elles ne sont pas appuyées de cette cause active et intelligente.

« On ne doit pas non plus me demander actuellement quel est celui de tous les cultes établis qui est le véritable culte ; le principe que je viens de poser doit servir de réponse à toutes les questions sur cet objet… »

« … Tel est, on le voit, l’état malheureux de l’homme actuel, qu’il ne peut, non seulement arriver au terme, mais même faire un seul pas dans cette voie, sans qu’une autre main que la sienne lui en ouvre l’entrée et le soutienne dans toute l’étendue de la carrière ! On sait aussi que cette main puissante est cette même cause physique, à la fois intelligente et active, dont l’œil voit tout et dont le pouvoir soutient tout dans le temps. Or, si ses droits sont exclusifs, comment l’homme, dans sa faiblesse et dans la privation la plus absolue, pourrait-il dans la nature se passer d’un pareil appui ?

« Il faut donc qu’il reconnaisse ici de nouveau et l’existence de cette cause et le besoin indispensable qu’il a de son secours pour se rétablir dans ses droits. Il sera également obligé d’avouer que, si elle peut seule satisfaire pleinement ses désirs sur les difficultés qui l’inquiètent, le premier et le plus utile de ses devoirs est d’abjurer sa fragile volonté, ainsi que les fausses lueurs dont il cherche à en colorer les abus, et de ne se reposer que sur cette cause puissante, qui, aujourd’hui, est l’unique guide qu’il ait à prendre.

« Que ne puis-je déposer ici le voile dont je me couvre et prononcer le nom de cette cause bienfaisante, la force et l’excellence même sur laquelle je voudrais pouvoir fixer les yeux de tout l’univers ! Mais, quoique cet être ineffable, la clef de la nature, l’amour et la joie des simples, le flambeau des sages, et même le secret appui des aveugles, ne cesse de soutenir l’homme dans tous ses pas, comme il soutient et dirige tous les actes de l’univers, cependant, le nom qui le ferait le mieux connaître suffirait, si je le proférais, pour que le