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ordinaire assemblage : chercheurs rigoureux, médiocres écrivains, mystiques disgraciés et aux beaux yeux presque féroces, francs-maçons intrigants, femmes enthousiastes tombées dans la neurasthénie… petites demoiselles étonnées… Je suis sorti de cet étrange atelier où trône la statue d’Isis, presque ivre de ce merveilleux que me servirent de complaisants grands-prêtres laïques, se recommandant d’une science un peu trop pénétrée de libre-pensée et causant avec les âmes des morts aussi aisément qu’une dévote à son confesseur et avec non moins de déférence. »

Mais, dans le swedenborgianisme comme dans toute autre secte similaire, le satanisme à beau se cacher sous des apparences de mysticisme innocent ; il laisse toujours percer un bout de corne.

Rappelons ce qu’écrivait en 1849 le F∴ Joseph Olivier, swedenborgien, dans le Magnétiseur spiritualiste, organe du F∴ Cahagnet, pontife de l’un des deux groupes parisiens :


« Le Christ, ce docteur magnifique, réservoir intarissable du fluide magnétique divin, dont les rayons ont transpercé la matière, le Christ ne représente qu’une face déterminée du génie du bien. — En lui resplendissent la charité, la bonté, l’humilité, la douceur. Le Christ, c’est la force que donne la foi, force qui dérive de ses perfections mêmes. Mais le Dieu de la force réelle, de la force vraie, c’est Satan ! Satan, en qui se personnifient la grandeur, l’extermination ; Satan, le Dieu de la révolte légitime, a dit Georges Sand, — Satan le Dieu des malheureux, des opprimés. — Satan, le Dieu des révolutions. C’est lui, Satan, qui, se sacrifiant chaque jour, chaque jour arrache, au prix d’atroces tortures, la robe empoisonnée de la force brutale qui enchaine la force morale dont il est le Dieu. Et cependant que le Christ panse de ses pleurs les plaies des combattants tombés sur le vaste champ de bataille de l’humanité, lui, — l’invaincu, l’indomptable, — brise les fers du prisonnier, les convertit en instruments de mort pour l’oppresseur, et poussant son cri magique : Liberté, Égalité, Fraternité, suscite les pierres elles-mêmes qui se dressent en barricades contre lesquelles viennent se briser — impuissantes — les foudres de la force brutale… Satan, c’est la moitié, c’est le complément du Christ. Ils ne forment à eux deux qu’une seule personne, un même tout !

« Le Christ a paru : son type a été personnifié.

« Le type de Satan le sera ; il couronnera l’œuvre sur la terre.

« Le Christ a posé le principe.

« Satan viendra pour poser les conclusions de toutes les conséquences.

« Je vous comparerai Satan et le Christ à l’union de l’homme et de la femme, qui, par la réunion du beau, du grand et du fort au simple, au bon et au doux, forme l’image des qualités de Dieu. »


Passons aux Martinistes.

Au chapitre sur les Juifs dans la Franc-Maçonnerie, j’ai suffisamment parlé de Martinez Pasqualis pour n’avoir pas à revenir sur le premier fondateur de cette secte des Martinistes, essentiellement diabolisante et maçonnique.