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paraît, c’est son horrible rival ou quelqu’un des affreux maleachs de son armée malfaisante et monstrueuse.


« Les évocations de la goétie et de la démonomanie, écrit encore l’ex-abbé Constant, ont-elles donc un résultat ? — Oui, certainement, un résultat incontestable et plus terrible que ne peuvent le raconter les légendes !

« Lorsqu’on appelle le diable avec les cérémonies voulues, le diable vient et on le voit.

« Pour ne pas mourir foudroyé à cette vue, pour n’en pas devenir cataleptique ou idiot, il faut être déjà fou. »


Et enfin, cette déclaration on ne peut plus formelle, toujours à propos de la magie noire et de ses effets qu’il atteste « réels et merveilleux » :


« En un mot, le diable, pour nous, c’est la force mise pour un temps au service de l’erreur. »


Et il conseille à ses lecteurs de se préserver à jamais des aberrations goétiques, et à ceux qui auront la force morale nécessaire, de ne pratiquer que la magie blanche exclusivement.

Ainsi, les goètes sont condamnés par les théurges dans les termes les plus irrévocables. Ils sont dans l’erreur, ils sont des fous, qui font le jeu des adonaïtes et sont dupés par les maleachs. Cette citation sera à rapprocher de l’excommunication des satanistes par Albert Pike, que je reproduirai plus loin ; on constatera l’unité de vue entre celui-ci et l’ex-abbé Constant, du moins sur ce point. Du reste, Albert Pike parait s’être inspiré souvent des idées d’Éliphas Levi, qu’il avait en grande vénération et qu’il a canonisé « lucifériennement » comme précurseur du Palladisme.

Mais les critiques, les blâmes, les excommunications des théurges touchent peu les goètes ; ils persistent dans leur folie. Les uns ne s’avouent satanistes qu’entre camarades et dans des conversations dont sont stupéfiés les amis qui reçoivent de telles confidences ; les autres s’en font gloire, ne se bornant plus à l’essai de réhabilitation du prince des ténèbres, esquissé par le F∴ Renan sous des couleurs riantes.

Oui, le satanisme extravagant de la magie noire monte de jour en jour, grossit comme un flot infernal. Si les théurges cachent encore leurs opérations démoniaques et le plus souvent leurs noms, s’ils dissimulent parfois jusqu’à leur personnalité, par contre, les goètes commencent déjà à s’afficher, ce qui est un signe très grave du trouble profond de notre siècle ; ils célèbrent publiquement leur consécration à Satan.

Voici qu’en deux sonnets, effrayants de blasphèmes, M. Stanislas de