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pilote de la barque désemparée de Céphas, et sixième successeur de l’homme d’orgueil sous qui s’est écroulé le pouvoir temporel du pontificat infâme, sera recueilli, après expulsions sur expulsions, par l’autocrate slave, qui affectera de lui rendre de grands honneurs. L’adonaïsme tentera alors de se reconstituer comme avant l’expulsion de Rome ; le Pape-Errant étant près de mourir en Russie, l’autocrate impérial se prosternera à ses pieds, et les nations pratiquant jusque-là l’orthodoxie, c’est-à-dire la religion schismatique d’Orient, se rallieront assez rapidement à l’ancien catholicisme romain, vomi d’Italie. Le Pape-Errant, à son lit de mort, sera joyeux de voir ces nouveaux adeptes remplacer les occidentaux récemment séparés de son Église, et, au sein des nations qui auront opéré le morcellement de l’adonaïsme, il aura encore des fidèles, ceux-ci se cachant pour se livrer aux pratiques de la superstition réprouvée ; avant d’expirer, il aura maintenu l’épiscopat aux évêques du schisme d’Orient, et il aura institué, parmi eux, des cardinaux grecs et russes. Son successeur sera un slave ; le siège de la Papauté adonaïte sera établi dans la ville septentrionale de Pierre, sous la réserve de reconquérir Rome. Mais ce sera en vain que l’autocrate impérial, dans l’espoir d’étendre sa domination, se fera le croisé de l’adonaïsme ; ses efforts n’aboutiront point, et l’Église naguère romaine demeurera morcelée dans les nations de l’Occident européen. Ainsi, la Russie sera le dernier refuge et le dernier rempart de l’adonaïsme se prétendant catholique.

« Chez les peuples occidentaux, dès que le nouveau régime religieux sera légalisé, il faudra supprimer radicalement ces propagandistes dangereux qui s’intitulent missionnaires et vont chez nos frères d’Asie, ainsi que chez les idolâtres d’Afrique et d’Océanie dont la conversion doit être notre œuvre, porter le mensonge de leurs prédications empoisonnées. Les gouvernements interdiront, sous les peines les plus sévères, ces émigrations détestables, qui sont de nature à créer d’incessants conflits avec les nations asiatiques, dont la foi, devenue alors parfaitement éclairée par les efforts des sages prêtres thibétains unis à notre maçonnerie auxiliaire des Indes et de la Chine, devra être respectée. Et, sans attendre l’époque éloignée de ces évènements, tout maçon a, dès à présent, le devoir de combattre, par la plume et par la parole, les missionnaires dits catholiques et de souffler dans le monde profane le mépris d’eux et une haine inextinguible. Ces missionnaires sont nos plus mortels ennemis. Quiconque, franc-maçon, ne les combattra pas, sera tenu pour traître ; quiconque s’associera à leur action néfaste ou seulement l’appuiera par un éloge public sera frappé à mort.

« Enfin, il sera bon d’entretenir, dans les basses classes de toute nation, le ferment des idées révolutionnaires, même celles des socialistes les plus portés aux extrémités violentes. L’athéisme étant mauvais par lui-même en détournant de son vrai but toute œuvre de rénovation humanitaire antichré-