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diction avec la cruelle loi de chasteté prétentieusement revendiquée par le papisme, voulant faire croire que son clergé est au dessus de la nature, dans ce cas, il conviendra de n’ébruiter la chose que si l’auteur de l’infraction aux règlements ecclésiastiques n’est pas jugé capable de devenir notre agent secret.

« Voilà la marche à suivre, pour l’ensemble de tous les pays du groupe chrétien.

« En particulier, nous devons arrêter un moment nos regards sur l’Italie. Là, la franc-maçonnerie, tout en suivant à la lettre la ligne de conduite que nous venons de tracer, aura le devoir, en outre, de travailler, avec la plus grande activité et sans jamais se lasser, à l’abrogation de la loi qui vient d’être votée il y a trois mois et sur laquelle le Chef d’Action Politique a appelé notre attention[1]. On commencera par attaquer à outrance le système des deux souverainetés dans un même pays, dans la même capitale ; on fera ressortir l’inconvénient résultant d’un double corps diplomatique, dont la moitié sera accréditée auprès d’un italien tiaré en état de conspiration permanente contre sa propre patrie. Cette campagne de la maçonnerie italienne devra être secondée par la maçonnerie des pays ayant un ambassadeur auprès du pontife de la superstition romaine ; on déposera des motions pour la suppression de ces ambassades ; on insistera sur ce point, que le fait de l’existence des ambassades auprès dudit pontife dépend uniquement de la magnanimité de l’Italie qui a bien voulu reconnaître à un chef de secte, désormais sans territoire, le caractère et les prérogatives du souverain. Ensuite, on attaquera l’inviolabilité si imprudemment octroyée aux congrégations ecclésiastiques formant la haute administration spirituelle du siège suprême de la superstition romaine. On suscitera des conflits entre l’autorité politique nationale et n’importe quels chefs relevant de l’autorité pontificale. On ne négligera aucune occasion d’exciter le peuple contre la personne même de l’occupant de ce siège maudit, afin que, s’il venait à sortir de son Vatican, il y ait des troubles. Il faudra habituer l’opinion publique italienne à considérer comme un embarras dangereux la présence du pape dans le pays.

« Lorsque l’opinion publique sera mûre pour accepter l’expulsion du pape votée par un parlement à majorité maçonnique, il conviendra qu’un des nôtres dépose un projet de loi dans le sens que voici :


« Art. 1er. — L’Italie ne reconnaît aucune religion d’État.

« Art. 2. — L’Église chrétienne, précédemment dite catholique, pour continuer à avoir le droit au libre exercice de son culte, devra être exclusivement italienne en Italie.

  1. Il s’agit évidemment de la loi des garanties, qui, après avoir été votée par la Chambre des députés, passa le 2 mai au Sénat italien.