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En effet, nous ne devons pas compter uniquement sur le résultat des lois obtenues ; car, lorsque nous serons parvenus à faire priver totalement le clergé catholique romain des subventions octroyées par les États, il obtiendra des compensations pécuniaires par les sommes qu’il soutirera directement aux fanatiques demeurant dans une crédulité incurable. Or, on ne diminuera le nombre de ces malheureux exploités, qu’en discréditant — toutes les institutions du catholicisme romain ; il faut que les individus ayant le moindre bon sens en arrivent à se considérer eux-mêmes comme ridicules chaque fois qu’ils auraient la faiblesse de recourir aux sacrements de la superstition ; de la sorte, par crainte des railleries, ils se déshabitueront d’entretenir les prêtres imposteurs. Il sera bon de donner alors toute latitude aux charlatans de la pire espèce, à la lie des faux devins, dont le vil métier est une escroquerie évidente ; la presse inspirée par nous établira des comparaisons entre ceux-ci et les ministres d’Adonaï, et les confondra dans la même moquerie et la même réprobation.

« D’autre part, par tous les moyens législatifs ou autres, on restreindra le recrutement du sacerdoce catholique romain. On accomplira une œuvre salutaire en donnant aux jeunes prêtres la connaissance réelle de la vie sociale, que leurs éducateurs leur montrent sous de faux aspects. Il sera nécessaire d’avoir des femmes sûres, qui se dévoueront à les initier aux bienfaits du Dieu-Bon. Les résultats à obtenir ainsi seront fructueux ; car il se produira de deux choses l’une : ou le prêtre adonaïte, une fois qu’il aura goûté aux joies suaves que la barbarie papale lui interdit, se retirera du clergé et sera alors la démonstration publique de ce que la nature condamne le célibat systématique et absolu ; ou bien, il demeurera dans la caste sacerdotale, et alors il sera bientôt à nous secrètement, non comme allié, mais comme tout à fait nôtre, et il nous rendra les plus précieux services pour miner le temple d’Adonaï.

« De n’importe quelle façon et en toutes circonstances, il faut faire le vide autour du prêtre catholique romain, et il faut encore que ce clergé, devenant de plus en plus méprisé, honni, conspué, soit diminué en nombre, sans s’arrêter à aucune considération pour obtenir ce résultat. D’une part, on multipliera les sociétés de plaisirs citadins ou champêtres, les cercles, les fêtes non religieuses, etc. ; d’autre part, on préconisera hardiment et partout, comme on le ferait pour une doctrine, ce mot d’ordre anticatholique-romain : « Pas de prêtre à la naissance ! pas de prêtre au mariage ! pas de prêtre à la mort ! » et l’on favorisera la création de toute association de solidaires établie avec ce programme. Enfin, or signalera, à grand bruit, comme un scandale, tout fait dont un prêtre adonaïte sera l’auteur et qui sera de nature à discréditer la corporation sacerdotale ; que s’il s’agit cependant d’un fait non mauvais par lui-même, mais seulement en contra-