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profanes obligent à ménager encore, en un mot, faire disparaître d’abord tout ce qui est moine ou nonne.

« Dans l’ordre intellectuel, spécialement, il faut obtenir des pouvoirs publics la neutralité de l’école, afin que le prêtre ni aucun de ses auxiliaires n’y pénètrent plus désormais ; ensuite, on arrivera à détourner les parents de la pensée, qu’ils pourraient avoir dans les premiers temps de la neutralisation, de faire donner à leurs enfants l’enseignement catholique romain en dehors de l’école neutralisée. En effet, empêcher que les nouvelles générations aient l’intelligence oblitérée par le mensonge des mauvais dogmes est un point capital. Mais il faudra, en même temps, prendre des mesures sérieuses pour que l’enseignement officiel reste neutre et ne tombe pas dans l’athéisme ; la neutralité nous suffit, c’est-à-dire l’étouffement de toute tendance à insinuer dans les jeunes cerveaux les faux dogmes adonaïtes. Il existe, en effet, en l’âme humaine un sentiment inné qui pousse l’individu vers un idéal divin, qui lui fait comprendre instinctivement l’existence d’un être suprême, surnaturel facteur, organisateur et moteur de l’univers. Ce sentiment, en le laissant librement s’épanouir, c’est-à-dire sans le diriger criminellement vers la superstition, religion du Dieu-Mauvais, flottera d’abord dans la demi-lumière d’un déisme vague, mais non contaminé par le souffle empesté du catholicisme romain ; puis, quand l’heure sera venue où le Dieu-Bon se montrera, seul vraiment digne des adorations de l’humanité, c’est à lui qu’iront toutes les aspirations indécises des enfants devenus hommes ; et ainsi, en éloignant d’Adonaï l’enfance et l’adolescence, nous vouerons à Lucifer, par le seul fait du penchant de la nature, la maturité des nouvelles générations. Il est donc de nécessité absolue que l’instituteur nettement athée soit éliminé de l’école, s’il s’y introduisait après que nous en aurons chassé le prêtre adonaïte, et que les livres d’instruction, mis entre les mains des enfants, tout en étant expurgés des dogmes menteurs du catholicisme romain, posent en principe, mais sans définition précise, l’existence d’un être suprême.

« Pendant que les nouvelles générations seront ainsi formées, il faudra combattre l’adonaïsme dans les esprits, par toutes sortes de publications démontrant combien est à la fois monstrueuse et ridicule l’idée de la divinité, telle que les prêtres de la superstition la représentent. Dans cette lutte, on ne devra pas négliger le pamphlet, la satire, la moquerie, qui frappent les masses bien mieux que les dissertations savantes. N’oublions jamais le bien que Voltaire a fait à notre cause, en couvrant de ridicule le catholicisme romain. Mais ce n’est pas pour le plaisir de plaisanter et de rire qu’il convient d’adopter cette excellente tactique : en discréditant les dogmes mensongers et le culte adonaïtes, nous discréditerons les ministres de cette religion détestable ; nous arriverons peu à peu à faire déserter ses églises