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sance, soit par les conquêtes d’âmes que nous ferons sur lui, soit par les désertions qui augmenteront le nombre de libres-penseurs déistes, et nous savons que ceux-ci sont en état de transition et nous sont finalement promis.

« D’autre part, nous n’avons pas à nous préoccuper de l’état de transition du groupe indien ; car ses prêtres ont d’ores et déjà la vraie lumière.

« C’est pourquoi, à l’heure marquée dans le livre des cieux, c’est-à-dire quand le catholicisme romain aura atteint son dernier maximum d’adeptes par la réunion des orthodoxes ou schismatiques, il trouvera en face de lui plus d’un milliard de catholiques lucifériens.

« La question se résume, en conséquence, à ceci : il faut que nous soyons prêts, lorsque nous nous trouverons être un milliard et plus, faisant enfin flotter haut nos étendards, à produire l’explosion qui fera sauter le Temple d’Adonaï ; alors, en d’autres termes, la superstition devra être tellement impuissante et ruinée, que ses adeptes viendront d’eux-mêmes se fondre dans nos rangs, — et les miracles éclatants qui ouvriront leurs yeux nous sont promis, — et que, s’il reste à ce moment encore quelques prêtres obstinés à vouloir prêcher le Dieu Mauvais, leur extermination s’exécutera sans aucune difficulté.

« Comment donc tout doit-il être dirigé pour que nous parvenions graduellement et paisiblement à cette échéance inéluctable ?

« La tactique est variable, selon que nous manœuvrerons en pays où domine l’élément catholique romain ou bien en pays où domine l’élément protestant, pour parler ici du groupe chrétien.

« L’œuvre principale est celle qui a pour but de transformer les catholiques romains en libres-penseurs déistes. Nous devons nous y appliquer de toutes nos forces ; car ce sera là la transition du plus grand nombre. L’expérience a démontré que peu nombreuses sont les âmes privilégiées qui s’arrachent d’un seul bond à l’abîme de l’obscurantisme pour prendre leur vol hardi dans l’éther des divines et vivifiantes lumières.

« Pour cela, il faut conquérir les sièges du gouvernement de ces peuples ; tout est là. Soit dans les républiques, soit dans les états monarchiques, nous devons faire promulguer des lois, annihilant partout l’influence des prêtres de la superstition et de leurs auxiliaires, les moines qui se mêlent au peuple et les nonnes qui entretiennent les âmes dans l’erreur, en se couvrant du manteau d’une trompeuse bienfaisance. Il faudra, d’une part, au moyen de la presse dont nous inspirons les écrivains, montrer combien est avilissante pour la dignité humaine l’aumône des mauvais catholiques, et cela en faisant ressortir que l’individu a droit au bien-être par des réformes sociales et non par des secours d’une routinière charité, et, d’autre part, au moyen des parlements législateurs ou n’importe comment, disperser les congrégations impopulaires, ruiner adroitement celles que des préjugés