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Au lendemain de la condamnation de Caserio, M. Paul de Cassagnac écrivait ces lignes

«  En coupant le cou de ce jeune bandit qui restera comme l’un des types les plus déconcertants, les mieux trempés du fanatisme politique, aura-t-on coupé le cou à l’anarchie ?

« Il serait téméraire de répondre oui.

« L’anarchie est un vrai ténia, un immense ver solitaire dont on n’a pas raison, tant qu’on n’a pas la tête. »

M, de Cassagnac est dans le vrai. Mais où est la tête de l’anarchisme ? Où est le cerveau qui inspire et dirige tous les mouvements du monstre antisocial ?… Peu m’importe d’être cru ou non, j’écris ce que ma conscience me dicte ; et c’est pourquoi je le déclare encore, avec la conviction profonde de ne pas me tromper : la tête, le cerveau de l’anarchisme, c’est la franc-maçonnerie.




CHAPITRE XXXV

Le plan des Chefs secrets[1]


Dans les premiers jours du mois d’août 1871, c’est-à-dire moins d’un an après la constitution du Palladisme (rite suprême), le « docte pontife luciférien », Albert Pike reçut de Mazzini une importante lettre. Le chef d’action politique de la franc-maçonnerie universelle invitait le chef suprême et dogmatique de la secte à tracer un plan de campagne précis en vue de la destruction du catholicisme romain.

« L’unité de l’Italie, disait-il, n’a jamais été considérée par nous comme un but, mais comme un moyen. »

Albert Pike réunit ses dix conseillers des heures solennelles, les membres du Sérénissime Grand Collège des Maçons Émérites, et soumit à leur examen la question posée par le très illustre frère Giuseppe Mazzini.

De cette réunion des onze plus hautes lumières de la secte infernale, de ce conciliabule diabolique qui dura sept jours (du 9 au 15 août), sortit, mûre-

  1. Il est utile de faire ici une modification à l’ordre des chapitres de mon ouvrage ; ce sera, du reste, la seule. Dans mon premier volume, pages 482 et suivantes, j’ai indiqué la division qu’il m’était nécessaire d’adopter, pour être clair et complet, et j’ai annoncé huit chapitres pour la présente viiiie partie. Cependant, au classement de mes noter, je m’aperçois que les trois chapitres consacrés aux complots contre la Papauté, à l’état général et aux bilans annuels de la franc-maçonnerie universelle, trouveront une place plus rationnelle dans la xie partie, Théurgie ou Magie Blanche, partie réservée au Palladisme. En effet, les documents à produire, tout en faisant la lumière sur les forces et les ressources de la secte, s’appliquent en grande partie à la haute-maçonnerie, c’est-à-dire au Rite Suprême du Palladium ; et, d’autre part, l’histoire d’un complot contre Léon XIII a sa place mieux marquée dans le chapitre qui sera consacré à Sophie Walder. Enfin, le Plan des chefs secrets, que je publie ici est la meilleure conclusion des révélations sur le Combat contre l’Église.