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dans le ménage auquel je fais allusion, est un travailleur ; la femme, une ouvrière toute à sa besogne et à ses deux enfants. Quand on cause avec eux, ils vous débitent les lieux communs les plus saugrenus du socialisme révolutionnaire ; mais ils seraient les plus tristes victimes du cataclysme, si cet idéal arrivait à se réaliser. Ah ! il ne faudrait pas que la commune vint leur prendre au berceau un des bébés tendrement chéris ; il ne faudrait pas à l’homme, qu’un compagnon vint flirter de trop près avec sa femme ; je vous réponds que les choses se passeraient mal. Et cependant, à les entendre, la famille doit être abolie, et c’est la collectivité des citoyens qui doit se charger d’élever les enfants sitôt sevrés, et les parents n’ont plus dès lors à les connaitre. De la théorie, tout cela ! quant à la pratique, elle est absolument impossible. L’anarchie prétend faire vivre l’humanité comme vivent les bêtes ; elle n’y parviendra jamais, attendu que, malgré tous les Darwin et tous les Hœckel, l’homme est un être à part dans la création, et que son âme, même détournée du culte et de l’amour de son Créateur, le distinguera toujours de la bête.

Mais, dans l’œuvre de dissolution entreprise par les Bakounine, les Reclus et les Kropotkine, comme on sent bien l’inspiration de Lucifer, et, par conséquent, en tant que direction humaine, la franc-maçonnerie !


Il y aurait de nombreuses pages à écrire encore sur les anarchistes. Ce que les Kropotkine et tous les autres : francs-maçons du Comité Central directif ou principaux « réchauffeurs » sont arrivés à faire croire aux ouvriers qui les écoutent est monstrueusement insensé.

Nous n’en sommes plus à la journée de huit heures dans ce monde-là. Ils s’imaginent que, tout parasitisme étant supprimé, l’humanité vivra dans le bien-être le plus parfait, chaque valide travaillant seulement cinq jours par mois et cinq heures seulement dans chacun de ces cinq jours ; c’est le résultat des calculs officiels des Frères Internationaux.

En attendant le fonctionnement de ce paradisiaque système, il y aura une période de transition, qui commencera dès le triomphe de la révolution sociale : ce sera l’ère dite de l’expropriation générale des possédants actuels. Une fois l’insurrection victorieuse, l’armée s’étant fondue dans les rangs des prolétaires insurgés, les gouvernants s’étant enfuis, la police ayant été massacrée, les vainqueurs prendront possession de tout ; on se répartira les habitations, on fera un tas commun de tous les vivres, vêtements, outils, etc., et chacun viendra s’y fournir de ce dont il aura besoin ; toutes les richesses seront inventoriées, puis partagées ; on prendra au tas ou bien l’on établira un rationnement, selon l’abondance ou l’insuffisance de chaque chose, et cela jusqu’à épuisement de toutes les provisions à liquider. C’est pendant cette période d’expropriation et de liquidation que