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et des petits. Nous tâcherons de l’indiquer les moyens de t’en procurer d’une façon économique.

« Ne te presse pas pour agir ; attends d’être instruit. Cela viendra plus vite que tu ne le penses, si tu travailles sérieusement.

« Un voyage de mille lieues commence par un pas, disait un sage. Et tu sais, compagnon, il n’y a que le premier pas qui coûte. »


Les recettes viennent à la suite de cet exorde. La fabrication de la dynamite y est enseignée avec un luxe prodigieux de détails, dans un style à la portée des esprits les plus simples ; peu de mots techniques, et ceux qui y sont, l’auteur les explique au fur et à mesure. Il en est de même pour la fabrication du fulminate de mercure, de la nitroglycérine, de la poudre chloratée, de la nitrobenzine, des mèches à étoupilles, de la corde à feu, du photophore, de l’encrivore, etc. Le feu fénian, le système des bombes asphyxiantes, des bombes au sodium et au potassium, la cigarette incendiaire, le feu lorrain, tout cela est encore minutieusement décrit, et toujours avec une simplicité qui fait frémir. On explique comment il faut s’y prendre pour faire sauter une maison où le gaz est installé ; par quel procédé on tuera un bourgeois, de façon à ce qu’il paraisse s’être suicidé. Diverses recettes de poisons, faciles à combiner ou à se procurer par fractions que l’on réunira de telle ou telle façon, sont indiquées également. Il y a aussi l’indication des meilleurs modes de correspondance secrète. Et cela se termine par cet avis : « Cette brochure ayant coûté beaucoup d’argent dont une grande partie reste encore à payer, nous prions les groupes et les compagnons qui la recevront, d’envoyer ce qu’ils pourront à des compagnons connus de Paris, sans indiquer dans leurs lettres que c’est pour la brochure. »

En réalité, les frais de ces brochures sont faits depuis longtemps, et le Comité Central des Frères Internationaux n’a nullement besoin d’argent ; mais il ne faut pas montrer qu’on est à même de faire de telles dépenses, cela ouvrirait les yeux aux compagnons ainsi embrigadés ; et, d’autre part, on voit, par le zèle des donateurs, quels sont les plus dévoués aux idées du parti, et les relations entre hommes sûrs les uns des autres se créent ainsi.

Kropotkine est toujours par monts et par vaux, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre, mais le plus souvent à Londres, où il a deux domiciles : l’un, officiel en quelque sorte, à Willmington-square, 6 ; l’autre, pour les intimes, à Riwer-street, 41. Au Comité Central directif, il est personnellement assisté de trois lieutenants, le docteur Roussel, Jasiokoff, son secrétaire, et le chimiste Goldenberg ; la famille de ce dernier habite Paris.

On vient de remarquer qu’un chimiste est au nombre des lieutenants de Kropotkine. Il en est de même auprès du chef de chaque comité national.