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bourgeois non haïs personnellement, croit tuer la société bourgeoise ; la haute-maçonnerie, en inspirant ces meurtres, en fomentant la révolution sociale, veut un bouleversement général dans la politique des nations, et plus loin nous verrons pour aboutir à quoi.

Que la secte infernale ne se cache guère de patronner la propagande théorique, si on nie cette évidence, je montre l’exemple frappant de l’Université anarchiste de Bruxelles, en cours de fondation, et à la tête de laquelle nous voyons les FF∴ Élisée Reclus et Pierre Kropotkine, les deux consuls du Comité Central directif des Frères Internationaux.

Je rappelle ensuite que les théoriciens de l’anarchie nient — tout mauvais cas est niable — être responsables des actes de propagande par le fait, résultats de leurs théories ; mais déjà l’on sait que penser de leurs dénégations intéressées, déjà l’on sait que les Reclus et les Kropotkine sont la tête, et que les Émile Henry, les Vaillant, les Caserio, sont le bras.

Toute la question reste donc ainsi posée : le Comité Central directif des Frères Internationaux est-il indépendant ou dans la main du chef suprême de la franc-maçonnerie ?

Pour éclairer la situation, je demande alors : — La série des attentats anarchistes qui se multiplient depuis bientôt vingt ans, c’est-à-dire depuis la constitution du parti par Bakounine, n’est-elle pas la reproduction exacte de la série d’attentats révolutionnaires qui, pendant vingt ans, de 1850 à 1870, ont stupéfié l’Europe ? Les Sante-Costantini, Agesilas Milano, Tibaldi, Grilli, Pianori, Orsini, Rudio, Pieri, Monti, Tognetti et autres mazziniens criminels ne sont-ils pas les frères aînés des Hædel, Nobiling, Moncasi, Passanante, Solowief, Otero, Hartmann, Caserio, Vaillant, Henry et autres Ravachols ? Ne sommes-nous pas en présence d’une organisation du crime politique, en cette fin du XIXe siècle comme dans son troisième quart ?

La réponse, je la pressens ; tous mes lecteurs la feront d’eux-mêmes. Ils diront : « Les premiers assassinats rappelés ont été commis à l’instigation du comité central dirigé par Mazzini, Kossuth, Ledru-Rollin, Bakounine. Da nouveaux assassinats se commettent ; les Kropotkine, Most, Reclus, Davitt, ont remplacé les mazziniens ; or, comme ceux-ci, ils appartiennent à la haute-maçonnerie, et même la maçonnerie des loges ordinaires ne le désavoue pas. »

En ce qui me concerne, je ne désespère pas de compléter mon enquête. Les preuves morales existent ; j’ai comme un secret pressentiment que je mettrai quelque jour la main sur une preuve matérielle, indiscutable, de la direction da Comité Central des Frères Internationaux par la grande-maÏtrise suprême de la haute-maçonnerie.

Les chefs anarchistes procèdent trop à l’imitation des mazziniens et des palladistes, pour que le Suprême Directoire de Rome et le Palladium de