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tendre ; mais jamais il n’a eu la loyauté de se rétracter.

Oui, l’historique de cette polémique mériterait de rester à la fin de ce volume ; malheureusement, la place me fait défaut. Du moins, les principaux incidents se trouvent relatés, attaques reproduites et réponses, dans la collection de la Revue Mensuelle.

Quant à moi, au cours de la polémique, il m’est arrivé de commettre une erreur (page 284 du second volume). Une similitude absolue de nom et de prénom m’a fait croire, à la suite d’une communication d’un abonné, que mon adversaire était membre d’une société dite des Bons Bougres. Il y a, parait-il, deux Georges Bois, tous deux journalistes, tous deux amis du F∴ Albert Pétrot. On avouera que le quiproquo, au sujet des Bons Bougres, était facile à commettre, quoique dise M. Georges Bois, celui de la Vérité' : et, sur l’honneur, je déclare avoir ignoré l’existence de cet homonyme ; sa signature au bas d’un feuilleton, si le hasard avait fait tomber sous mes yeux le journal qu’il publiait, n’eut contribué qu’à me donner à croire que l’unique Georges Bois connu de moi en était l’auteur. Mais, sitôt que j’ai reçu la réclamation de mon adversaire, j’ai inséré intégralement sa lettre sur le bulletin qui servait de couverture au 17e fascicule (n° d’avril 1894). M. Bois, me signifiant sa lettre par huissier, me sommait de l’insérer immédiatement dans le texte de l’ouvrage, c’est-à-dire d’interrompre ma publication en son honneur ; j’ai refusé d’obtempérer à cette prétention inadmissible, car un volume n’est pas un journal. Avec la présente insertion, cela fait donc deux fois que je fais connaitre à mes lecteurs la protestation de mon adversaire ; et, en outre, je l’ai mentionnée en note dans le corps de l’ouvrage, page 643 (second volume), en lavant de nouveau M. Georges Bois du soupçon d’avoir fait partie des Bons Bougres. C’est qu’en effet il n’en coûte jamais de reconnaitre une erreur, quand elle a été commise de bonne foi.

Voici donc la lettre en question :

« Paris, le 31 murs 1894.
« Monsieur,

« Dans votre dernier fascicule du Diable au XIXe Siècle, paru ce présent mois de mars, je lis page 280 : « M. Georges Bois ment, trompe ses lecteurs, etc… » Un jet plus loin (page 284), je suis soupçonné « d’obéir à une mystérieuse consigne, de dissimuler avec une opiniâtreté inouïe l’œuvre puissante du satanisme…, etc.» Enfin, p. 284 et 285, dans une longue note, vous me montrez, d’après l’Éclair du 18 mai 1983, prenant part au déjeuner annuel d’une société dite des Bons Bougres Au nombre des convives, sont trois notables francs-maçons, et vous notez cette coïncidence que les articles de la Vérité touchant le Diable commencent immédiatement après cette petite ripaille intime. » Ces expressions ne sont pas de celui de vos abonnés qui vous envoie l’Éclair. Elles sont de vous, et inexcusables.

« Voilà plus qu’il n’en faut pour donner ouverture an droit de réponse.

« Le ton de votre récit montre que vous avez cru être sûr au moins d’un fait, MALGRÉ TOUTES LES APPARENCES, VOUS VOUS ÊTES TROMPÉ. Je n’assistais pas au déjeuner dont parle l’Éclair et je ne suis point membre de la société qui se le donnait. Je ne suis point le Georges Bois dont l’Éclair a parlé. J’admets que votre abonné qui a lu l’Éclair ne soit pas tenu de connaître tous les homonymats de la presse parisienne. Celui-là existe (prénom compris} ; vous pourriez le voir aujourd’hui même par le feuilleton du Petit Moniteur ; vous pourriez le voir aussi par d’autres œuvres. Au reste, je n’incrimine pas les déjeuners de mes homonymes : je constate que cet homonyme (nom et prénom) existe et qu’il est connu dans la presse depuis une dizaine d’années. Je veux admettre que votre correspondant a commis cette méprise de bonne foi, et que vous l’avez partagée par simple inattention.

« Mais elle est suivie d’une erreur qui vous est bien personnelle et qui me donne le droit le plus absolu de faire appel à votre loyauté. Il y a coïncidence, dites-vous, entre le déjeuner du 18 mai et la polémique de la Vérité ? Cette coïncidence n’existe pas en fait. Si elle existait, elle résulterait de ce que la Vérité a été fondée le 15 mai 1893. Mais comment ne vous êtes-vous pas rappelé que nous nous étions rencontré dès le 5 mai ? Et ce, pour discuter des objections bien antérieures elles-mêmes à cette conversation ?

« Ce qui est exact, c’est que la Vérité a fait mention du Diable pour la première fois le 19 juin, incidemment, en même temps que du livre de M. Huysmans, dans un article qui traitait de l’occultisme en général. Et l’intention du journal était de n’en plus reparler. J’étais en province depuis trois mois et je ne lisais même plus le Diable, lorsque j’ai appris inopinément que j’avais à répondre au Bulletin mensuel. J’apprenais du même coup existence de ce Bulletin. Fai donc répondu.

« Voici ce que vous appelez mon opiniâtreté inouïe. Je n’ai fait que me défende et je n’y ai mis d’autre opiniâtreté que celle de la modération.

« Je vous requiers, bien entendu, d’insérer la présente réponse, non sur la couverture volante du Diable, mais sur le texte même du prochain fascicule, en une place semblable et ave : le même caractère que la note des pages 284 et 285.

« Quant aux appréciations qui sont dans le texte, je proteste une fois de plus que je « n’obéis » à aucune « mystérieuse consigne » et que la discussion que vous me reprochez serait depuis longtemps close si vous n’aviez tenu à la poursuivre.

« Veuillez, monsieur, agréer, l’expression de mes sentiments distingués.

« Georges Bois,
« Paris, 11, rue d’Arcole. »

Il est facile de comprendre que j’ai cru tout naturellement que la campagne inqualifiable de la Vérité était une des conséquences du diner avec le F∴ Pétrot et autres « bons bougres », puisque la coïncidence de date était frappante, et puisque je voyais, trompé par les apparences, l’un des convives du diner dont il s’agit, en M. Georges Bois, de la Vérité qui est, du reste, ami personnel du F∴ Pétrot) ; quant à la prétendue rencontre du 5 mai, dont M. Bois parle dans sa lettre, mon contradicteur joue sur les mots. C’est le 5 mai que je fis, au Salon de la Société Bibliographique, sur la demande de M. de Marolles, une conférence sur mes voyages et mon enquête ; M. Bois se trouvait dans l’assistance, c’est ce qu’il appelle « notre rencontre ». Lorsque je vins à dire que le successeur d’Albert Pike au souverain pontificat de la secte était Albert-Georges Mackey, un monsieur, alors totalement inconnu de moi, se