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directement et se sont mis à ma disposition de la façon la plus complète, pour que j’examine à nouveau les faits. L’examen a donc été fait très minutieusement, par les voies les plus amicales, MM. Hardman, Powell et Cie déclarant bien qu’ils n’attendaient de moi une rectification que lorsque je me trouverais en tous points édifié. Aussi, dans le bulletin qui servit de couverture au 11e fascicule, du 5 octobre 1893, je rendis de tout mon cœur justice pleine et entière à ces parfaits gentlemen, et je considère comme un devoir de reproduire dans cet appendice les lignes où j’expliquais l’erreur et où je déclarais que ces messieurs n’avaient jamais démérité de leur réputation d’excellents catholiques.

« Cette erreur, écrivais-je, a eu plusieurs causes.

« On m’avait signalé l’existence d’une maison anglaise se livrant en secret au commerce des Baphomets et autres objets du culte maçonnique, en ajoutant que cette maison était très probablement à Birmingham et que sa spécialité extérieure était de tenir l’orfèvrerie, le matériel et les ornements de nos églises.

« C’est à la suite de cet avis que je me procurai un annuaire anglais, où je trouvai l’annonce dont je fus frappé et que j’ai reproduite, par procédé de réduction photographique. Le cliché qui figurait sur cet annuaire était-il usé ou fait dans de mauvaises conditions ? Je le crois aujourd’hui, d’après les explications qui m’ont été fournies par les intéressés. En effet, tous les en-têtes de lettres de la maison et autres imprimés qui ont été mis sous mes yeux donnent, avec un fond blanc, le blason qui forme la partie principale de la marque de fabrique, tandis que sur l’annuaire ce blason venait avec un fond noir et le faisait ressembler, à s’y méprendre, au symbole distinctif des Mages Élus. Le cliché qui a servi dans l’annuaire était déjà par lui-même une forte réduction du vrai modèle, et au tirage ce blason a pu venir en noir, s’étant sans doute encrassé. Mais la réduction a encore causé une méprise. La marque vraie de MM. Hardman, Powell et Cie est très caractéristique vue sur un modèle de bonne grandeur ; là, apparait fort nettement la rose d’York, laquelle n’a aucun sens maçonnique, et ce qui, dans le cliché, cause de l’erreur, semble un blason, est en réalité une herse de pont-levis. Dès lors, il n’y a pas à s’arrêter au nombre des anneaux de la chaine brisée, nombre qui seul pourrait avoir un sens occulte.

« Lorsque je fis part de mes remarques à ce sujet, c’est-à-dire à l’époque où je n’avais vu que l’annonce de l’annuaire, je m’adressai à un ecclésiastique, qui me répondit : « Précisément, le cardinal Manning a mis en garde le clergé catholique contre une maison anglaise, dont le siège est à Birmingham ; le cardinal avait eu, de son côté, vent de ce commerce coupable. »

« Cette affirmation venait d’une personne sûre, et un avis de ce genre avait bien été donné par le cardinal Manning ; mais il ne visait en aucune façon MM. Hardman, Powell et Cie, qui, d’après les attestations que plusieurs évêques ont bien voulu me donner, sont des catholiques zélés et digne de toute confiance.

« En lui-même, le fait que j’ai signalé, c’est-à-dire l’existence de ce commerce d’objets maçonniques, masqué par un commerce d’ornements ou de matériel d’églises, est vrai, rigoureusement vrai, non seulement pour l’Angleterre, mais aussi pour la France. L’erreur concernant les honorables MM. Hardman, Powell et Cie, provient d’apparences trompeuses et d’une enquête qui s’est fourvoyée sur une fausse piste.

« C’est donc de très grand cœur que je fais cette juste rectification, et, dès la première réimpression de la livraison 63, tout ce qui a trait à ces messieurs sera supprimé. »

Cette satisfaction si méritée, accordée à MM. Hardman, Powell et Cie, je dois, d’autre part, faire observer que là encore, il ne s’agit pas d’un des faits auxquels j’ai apporté mon témoignage personnel.

M. Georges Bois

Ici, il importe de débuter par une remarque : ce n’est pas moi qui ai mis M. Georges Bois en cause ; il s’y est mis lui-même, par des attaques faites avec une violence inouïe.

C’est lui qui, le 19 juin 1893, imprimait ceci dans la Vérité (?) :

« Le feuilleton illustré du Dr  Bataille, rendons-lui cette justice, n’est pas obscène. C’est une fumisterie violente, à peu près l’histoire de M. de Crac devenu franc-maçon… Nous ne consentirons pas à qualifier d’innocent le parti pris de se moquer du public catholique en lui présentant comme la vérité même, appuyée de témoignages personnels et de démonstrations pieuses, — parfois trop pieuses et même ratées, — une série d’inventions abominables ou dégoûtantes, poussées, sans ménagement pour l’imagination du lecteur, jusqu’à l’invraisemblable. »

Quelques temps après, M. Bois, étonné que je n’eusse pas laissé passer sans protester une pareille sortie, se plaignait, toujours dans la Vérité, de la riposte du Dr  Bataille, et il ajoutait : « Il est vrai que j’ai traité son œuvre de fumisterie et d’imposture ». Mais notre homme ne reconnaissait nullement ses torts.

Il eût peut-être été bon de consigner ici tous les incidents de cette polémique, où M. Georges Bois a accumulé mensonges sur mensonges, ne désarmant pas, ayant toujours la prétention d’avoir le dernier mot, lui le provocateur, passant absolument sous silence celles des répliques où il était irréfutablement prouvé qu’il avait menti ; par exemple, son audacieuse affirmation, imprimée par lui jusqu’à trois fois, que c’était lui qui, au mois de mai 1893, m’avait appris la mort du Dr  Gallatin Mackey. Pour le confondre, il n’y eût qu’à exhiber le 4e fascicule de cet ouvrage, mis en vente le 5 mars 1893 et fini d’imprimer le 28 février, où, en trois passages (pages 311, 318 et 319), il est question de cette mort, où j’en donnais la date exacte, et le 5e fascicule, paru le 5 avril, où j’ai publié une notice biographique complète du Dr  Gallatin Mackey (de la page 335 à la page 340), avec même le compte rendu des obsèques. Pris la main dans le sac, M. Georges Bois se garda bien de faire part à ses lecteurs de cette démonstration concluante ; et c’est là ce qui prouve bien sa mauvaise foi. Tout autre contradicteur eut saisi avec empressement cette occasion de faire une paix honorable et de désavouer, de démasquer même le drôle qui lui avait soufflé ce mensonge maladroit. Vingt fois, M. Georges Bois a été ainsi éclairé sur des erreurs par lui commises dans cette polémique où il se ruait, tête baissée, comme un fou furieux qui ne veut rien voir ni rien en-