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trop l’attention, la haine des bricconi contre moi serait doublée. Mes chéris ne vivent que par moi et pour moi ; que deviendraient-ils, si je venais à leur manquer, surtout avec la haine qui les poursuivrait, sans être rassasiée par mon sang ?…

« … Voilà tout ce que j’avais à vous dire, mon cher docteur ; j’ai fait ma lettre quand même aujourd’hui, bien qu’elle ne partira que dans six jours. Priez pour moi, mon bon ami, et moi aussi je ne vous oublie jamais dans mes prières.

« Votre reconnaissant ami et dévoué de tout mon cœur,
« G. C. »


Les Gaëtano Carbuccia, les Lewis Peck, voilà ceux qui ont des chances d’être assassinés par la franc-maçonnerie, précisément parce qu’ils la craignent. Il faut aller droit au monstre, il faut mettre sabre au clair et l’attaquer avec vigueur.

Peut-être mon œuvre aurait été plus efficace, si j’avais attendu, pour l’entreprendre, que mes enquêtes fussent terminées toutes ; mais, par contre, on n’aurait peut-être pas compris, dans le public, grand’chose aux événements qui se sont produits tout à coup en septembre 1893 et depuis. Ayant pris les devants, ayant annoncé dès mon chapitre XVI (paru dans les premiers jours de mai 1893) les projets de transfert de la direction suprême de la secte en Italie, j’ai mis tout le monde en mesure de saisir le véritable sens de l’installation de Lemmi au palais Borghèse.

Avant cet ouvrage, quelques spécialistes de l’antimaçonnisme savaient seuls l’existence d’une organisation occulte supérieure et du culte luciférien des arrière-loges palladiques ; et encore, personne ne connaissant la trame complète, la lumière ne se faisait pas. Aujourd’hui, le satanisme contemporain est démasqué ; les voiles du temple du prince des ténèbres ont été déchirés ; j’ai ouvert la voie à de nouvelles révélations. Quand on est bien au courant des faits et gestes de l’ennemi, on le peut mieux combattre, on tient déjà la moitié de la victoire.

Si j’ai rempli mon devoir en mettant au jour les complots de Satan, les pratiques et les intrigues de ses adorateurs, conscients ou inconscients, j’ai reçu déjà la plus douce récompense, dans les sympathies ardentes et loyales qui m’ont soutenu durant tout le cours de cette première campagne ; j’ai la joie ineffable d’avoir déjà vu des yeux d’aveugles s’ouvrir.

Merci donc à tous ceux qui m’ont encouragé à dévoiler l’action du diable en ce triste siècle, dont la honte restera d’avoir été le siècle de la spoliation sacrilège du patrimoine de Pierre ! merci à tous ceux qui ont prié avec moi pour les pauvres égarés de l’occultisme !

J’ai écrit ce livre sans fiel et sans haine des hommes, tout entier à mon amour pour l’Église, ma mère, et n’ayant en exécration que le mal et le mensonge, personnifiés en Satan.

Je dépose respectueusement ma plume aux pieds du Souverain Pontife, cette plume toujours prête à se rétracter, si Pierre dit qu’elle a erré en quoi que ce soit.

Et, ayant commencé cet ouvrage le 29 septembre 1892, fête de Saint Michel, fête particulièrement abhorrée des sectes lucifériennes, je le termine avec cette magnifique prière de Léon XIII au glorieux Prince des milices célestes, que N. T. S. P. le Pape a ajoutée dernièrement aux exorcismes du Rituel et qui résume admirablement la situation, en en indiquant le remède :

PRIÈRE À SAINT MICHEL ARCHANGE

« Très glorieux Prince des milices célestes, saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat et la lutte que nous soutenons contre les principautés et les puissances infernales, contre les mauvais esprits qui gouvernent ce siècle de ténèbres, contre ces esprits de perversité répandus dans l’air,