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Ainsi il annonce et précise quel sera son grand combat contre Dieu. Il déclare l’état nominatif de ses armées infernales ; il a fait sélection d’un peuple mêlé aux Kurdes et le destine à être l’avant-garde de son armée humaine ; il va jusqu’à tracer d’avance les péripéties de la lutte. Il fait savoir que le Dieu des chrétiens ne règne plus complètement que sur une planète Oolis, astre habité par une humanité difforme jusqu’au phénomène et formé d’eaux aériennes glacées, et il a soin d’ajouter que l’expulsion de l’adonaïsme d’Oolis précèdera de peu celle de la Terre. L’Ante-Christ, il le présente comme un de ses lieutenants ; c’est dit-il, le daimon Antichrist, chef de la 2336e légion, qui s’incarnera, et dont la mère, devenant religieuse après avoir dansé le rasa, sera prise pour bonne chrétienne, mission dévoilée dans le Verbe Suprême, sera métamorphosée en homme, stupéfiera les catholiques romains qui croiront à sa sainteté, sera nommée évêque et poignardera l’avant-dernier pape d’Adonaï. Ah ! vraiment, que peut-on trouver de plus pitoyable et de plus saugrenu que ces fables ? et comme elles trahissent le diabolisme de leur inventeur ! comme elles révèlent bien que la malice du démon est aux abois !

Orgueil et mensonge que tout cela ; mais orgueil sot et mensonge niais.

Oui, certes, le grand combat contre Dieu sera terrible ; mais Satan ignore l’heure où, l’Ante-Christ venu, il lui sera permis de livrer cette dernière bataille. Il ne sait qu’une chose : c’est qu’il sera écrasé, refoulé à jamais dans l’abîme ; c’est que le Christ jugera les vivants et les morts, et lui-même, Satan, ainsi que ses légions maudites. Et de cela il enrage ; il n’a que cette piètre consolation : faire croire à ses tristes adorateurs que les portes de l’enfer prévaudront un jour contre la sainte Église de Dieu.



CONCLUSION


J’ai déjà parlé de mon voyage de 1891 à New-York ; j’y reviens. C’était quelque temps après que miss Diana Vaughan, quittant le Kentucky, s’était fixée dans cette ville.

Le surlendemain de la séance expérimentale de Haarlem-Lane, où la Ingersoll avait eu une transformation hideuse, nullement prévue, et dont, au grand effroi de l’assistance, elle avait tant souffert, je reçus la visite d’une personne qui m’a fait promettre de ne la point nommer, du moins dans le récit de cet épisode. Néanmoins, je ne puis moins faire que de dire qu’il s’agit d’une sœur palladiste ; peut-être, parmi mes lecteurs, quelques-uns la reconnaîtront ; aussi trouveront-ils une raison de plus de prier pour elle.

— Docteur, me dit cette sœur, ce matin, un de nos frères est venu vous voir, n’est-ce pas ? et il vous a invité à venir tout à l’heure, après votre repas, au triangle The Banner of the Divine-Cross (l’Étendard de la Divine-Croix), où l’on a le grand désir de vous inscrire à titre de membre honoraire ?