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conversion des musulmans, en considérant qu’ils sont bien peu à l’écart de la vérité.

Les Jézides, descendants directs des premiers Manichéens, ont vu des Nestoriens se mêler à eux, et leur système s’en ressent. Il y a aussi dans leurs veines du sang juif et du sang arabe inoculés ; ils présentent un type métis de parsis, d’israélites et de musulmans ; de là, sans aucun doute, leur admiration pour Mahomet. Yésid, qui, leur a donné son nom et qui les a organisés politiquement et religieusement, était un ennemi acharné d’Ali ; ce fut lui qui, selon les Persans, égorgea, dans la plaine de Kerbelaï, Hussein, fils d’Ali, et quatre-vingt-douze personnes de sa famille.

Les palladistes ont, à Charleston, l’image sacrée nommée, Baphomet qui et leur palladium ; les Jézides ont, à Lalech, l’effigie sacrée du Mélek-Taous, qui est aussi leur palladium, et que, le Mir expose à la vénération des fidèles, à l’époque des pèlerinages.

Le souverain pontife de la haute-maçonnerie a préposé après de lui par Lucifer, mis à son entière disposition, répondant son premier appel, un daimon ayant au moins le grade de chef de légion, qu’il consulte et qui l’assiste de ses conseils, quand ce n’est pas Lucifer lui-même qui intervient. Le souverain pontife des Jézides, le Mir, a pour assistant un possédé à l’état latent, un nain démoniaque, le Kutchuk, sans l’avis duquel il n’entreprend rien, parce que c’est Lucifer qui lui parle par la bouche du nain ; aussi est-il assailli par les fidèles qui viennent lui demander des oracles.

Enfin, les Jézides sont dans la vraie doctrine luciférienne (celle d’Albert Pike) : ils réprouvent l’emploi du nom de Satan et en font un crime à ceux qui s’en servent pour désigner Lucifer. Taylor atteste que chez eux la peine de mort est prononcée contre quiconque, au lieu de dire « Lucifer. », dirait « Satan » (Journal of the Geographical Society, 1868) ; « ceux qui l’entendent ont pour devoir de tuer l’insulteur, puis de se tuer eux-mêmes. »

Pour eux, comme pour les palladistes orthodoxes, c’est-à-dire ceux qui ne transigent pas, qui ne font aucune concession au lyrisme de Carducci, donner à Lucifer le nom de Satan, c’est le calomnier à l’instar des prêtres catholiques, c’est vomir le plus odieux blasphème contre le Dieu de Bonté, et de Lumière. Et non seulement ils s’abstiennent de prononcer ce nom, qui est Schaïtan dans la langue des Kurdes ; mais même ils évitent de se servir de mots dont la consonance approche de celle de celui-ci. Ainsi, par exemple, « fleuve » se dit schatt en kurde ; eh bien, comme schatt se rapproche de schaïtan, les Jézides appellent un fleuve avé-mazen, « grandeur ».

Les premiers renseignements que l’on a eus sur les Jézides proviennent de Thomas Hyde (Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religiomis Historia) et de Michel Febvre (Théâtre de la Turquie). Rousseau, consul à Bagdad en 1809, en parle aussi dans sa Description du pachalik de