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Par ce chapitre, qu’il est temps de terminer, les lecteurs peuvent se faire une idée de l’Armée Infernale, telle du moins que les palladistes se l’imaginent. De plus amples explications seront données dans la Revue Mensuelle ; ici, l’espace m’est mesuré, et, du reste, comme on le comprendra sans peine, j’ai hâte de conclure.

Mais j’ai tenu à donner un aperçu de ces mensonges fantastiques, au moyen desquels Satan berne impudemment ses adorateurs ; il était utile aussi d’expliquer ce nombre 77, bien que, sur ce point, j’aie été devancé par M. Margiotta. Du moins, mes lecteurs auront eu l’avantage de connaître les éléments indispensables de l’explication ; et les docteurs ès-maçonnerie ne pourront pas plus me démentir, qu’ils n’ont démenti le converti de Palmi.

En effet, lorsque le F∴ Goblet d’Alviella, dans une lettre au Patriote de Bruxelles, osa dire qu’il ignorait le Palladisme (dont il est grand-maître provincial pour la juridiction du Lotus 55), M. Domenico Margiotta lui porta publiquement, dans le même Patriote, un triple défi, le mit au pied du mur (lettre du lu 8 octobre 1894, datée de Londres), offrit de faire constituer un comité d’arbitrage devant lequel il déclarait qu’il confondrait son contradicteur ; et le F∴ Goblet d’Alviella recula, refusa cette confrontation, cette proposition de production de preuves et d’explications, se renfermant désormais dans un piteux silence et fuyant la discussion au grand jour[1].

Entre autres choses, M. Margiotta avait écrit dans sa lettre de défi :


« Tandis que, dans la plupart des pays, les FF∴ jugés digne de la parfaite initiation sont choisis seulement à partir du grade de Kadosch (30e degré) parmi les membres des Aréopages, en Belgique, où le Palladisme est depuis longtemps très développé, on les choisit même à partir du grade de Rose-Croix (18e degré) parmi les membres des Chapitres. C’est pour cela qu’on rencontre beaucoup de brefs (diplômes) de Roses-Croix belges portant cette formule : À la gloire du Grand Architecte de l’Univers, de l’orient de l’Univers, PAR LES NOMBRES 77 À NOUS SEULS CONNUS. Eh bien, 77 est un des nombres palladiques, et je mets M. Goblet d’Alviella au défi de l’expliquer d’une manière uniquement maçonnique, c’est-à-dire de donner une explication d’écossisme pur et simple. (M. Goblet d’Alviella est le lieutenant grand commandeur du Suprême Conseil de Belgique, pratiquant l’Écossisme, comme rite avoué.)

« L’explication vraie, la voici : — Le nombre 77 est nombre sacré, parce qu’il est le produit de la multiplication de 7, nombre sacré, par 11, nombre sacré. Le nombre 7 est sacré, parce qu’il est le total du nom ineffable du Grand Architecte de l’Univers (Lucifer, nom révélé seulement dans les Triangles). Le nombre 11 est également nombre sacré luciférien, parce que cabalistiquement il représente l’En-Soph et les dix Séphiroth, dont les incarnations maçonniques sur terre sont le Souverain Pontife de la franc-maçonnerie universelle et les

  1. La lettre par laquelle M. Domenico Margiotta mit le F∴ Goblet d’Alviella au pied du mur, a été reproduite en entier, ainsi que toute la polémique, dans le no 9 de la Revue Mensuelle.