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vieille Helvétie aux révolutionnaires de tous pays, qui viennent chez elle ourdir leurs complots. Afin de donner un commencement de satisfaction aux honnêtes gens, on expulse Kropotkine (24 août). Puis, ni Zurich ni Berne ne veulent être le siège d’un congrès international socialiste, comme celui qui vient de se tenir à Londres, et c’est à Coire (le 1er octobre) que se réunissent vingt-cinq délégués anarchistes, représentant douze pays ; ce nouveau congrès se termine (le 6) par une déclaration de sympathies pour les nihilistes russes.

Je crois avoir fait, par ce qui précède, la démonstration complète de la solidarité des divers groupes du parti anarchiste international, qu’ils prennent les noms de nihilistes, fenians ou autres. Il m’a suffit, pour cela, de rappeler simplement les faits d’un petit nombre d’années. Si l’on veut, en effet, passer en revue les événements, les congrès (théorie) et les crimes (pratique), des révolutionnaires, on constate que tout se tient.

Ce point étant acquis, je présenterai, pour les douze dernières années, un tableau plus succinct ; il n’est plus nécessaire de donner ici autre chose que des rapides indications. Voici donc un court memorandum :

1882. — En France : troubles de Montceau-les-Mines ; affichage de placards révolutionnaires à Marseille et au Creuzot ; conférences de Louise Michel ; entrée en scène de Jean Grave, qui fonde le Droit social ; explosion au bureau de recrutement de Lyon et au café situé dans le sous-sol du théâtre Bellecour, par l’anarchiste Cyvoct ; perquisitions, amenant la découverte de nombreux dépôts secrets de dynamite. — En Angleterre, mesures de clémence du cabinet Gladstone, qui relâche les chefs fenians ; assassinat du ministre Cavendish et de son sous-secrétaire d’État Thomas Burke, poignardés à Dublin en plein jour. — En Russie, nombreux crimes nihilistes, parmi lesquels l’assassinat d’un général, à Odessa.

1883. — Crimes commis en Espagne par les affiliés de la Main-Noire, dont les trois centres d’action sont à Madrid, Barcelone et Xérès, « sous la haute direction de Genève » ; nombreux dépôts secrets de dynamite découverts. — À Paris, manifestation de l’esplanade des Invalides, et pillage des boulangeries, sous la conduite de Louise Michel et Émile Pouget ; le drapeau noir est adopté par plusieurs groupes révolutionnaires, en remplacement du drapeau rouge ; procès d’anarchistes à Lyon (condamnation de Kropotkine, parmi ceux-ci.)

1854. — Année de réorganisation, création de journaux surtout.

1885. — Exécution, à Leipsig, des anarchistes Reinsdorf et Mildenberge, auteur de l’explosion de Niederwald, lors d’une fête pour l’inauguration d’un monument national. — Le Révolté émigre de Genève à Paris ; Kropotkine, sur la fin de son emprisonnement, publie les Paroles d’un Révolté, et Élisée Reclus, les Produits de la Terre.