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C’est dans cette petite poche, de matière inconnue, que l’on verse d’abord une parcelle minuscule d’hostie consacrée pulvérisée, puis telles cellules granuleuses, qui ont été obtenues, conservées et cultivées par des moyens souvent criminels, toujours répugnants ; après quoi, grâce à une petite seringue, on projette le liquide contenant les infusoires, également cultivés, soigneusement entretenus depuis sept jours au moins à la température de la chaleur normale du sang humain. On assure que les vibrions de Ham, doués de la meilleure vitalité sont ceux provenant d’un homme mort violemment (exception pour le cas de mort par un coup de foudre) ; tels seraient ceux d’un suicidé ou assassiné par une balle de revolver dans la cervelle, ou encore mieux ceux d’un guillotiné.

La poche gélatineuse et transparente est alors refermée. Avec un microscope, on voit, au travers de la matière enveloppante, les vibrions s’attacher aux ovules, les entourer comme un serpent serrant dans ses anneaux une sphère, puis pénétrer, la tête première, à leur intérieur, comme pour s’y faire absorber ; et, en effet, ils s’effacent bientôt en quelque sorte ; les éléments organiques se mêlent ; le contenu de la poche gélatineuse devient trouble, granuleux, puis homogène. La prétendue fécondation, la génération diabolique de l’Homunculus est faite.

Que se passe-t-il ensuite ?… Le chimiste luciférien, au bout d’un temps fixé, ouvrira-t-il d’un coup de bistouri la petite poche gélatineuse, ce qui serait l’opération césarienne de l’occultisme ? et va-t-il trouver là le nouveau-né magique et minuscule que sa science infernale a voulu produire ? Non, ce n’est point cela qui arrive. C’est ce bloc de matière innommable, qui, travaillé à l’intérieur par une vivification factice, se transforme et paraît devenir une substance vivante. Cette substance amorphe, cette sorte de gelée transparente, qui semble albumineuse maintenant, est contractile et se parsème de granulations, gisant au fond du récipient, maintenu dans une espèce de couveuse artificielle. Cette chose sans nom, qui semble vivre d’une vie fœtale, pousse quatre prolongements, comme quatre pattes : mais c’est tout.

Le plus beau résultat obtenu a été un homuncule de cette espèce, à Leipzig, lequel se mouvait, ainsi qu’un animal lent, mal venu ; ses prolongements lui servaient d’organes de locomotion, tout en fonctionnant comme organes de succion, aspirant les gouttelettes de sang dont le chimiste luciférien humectait son bocal.

Malgré l’aide promise par Satan à ses chimistes, voilà tout ce qu’ils ont pu produire ; jamais un prolongement de cette substance pseudo-vivante n’a pris l’aspect d’une tête ; jamais la chose n’a augmenté de volume ; et toujours, en moins d’une semaine, cela a dépéri, après quelques mouvements inexplicables, et cela s’est fondu, dissous.

La science occulte luciférienne n’a donc pas lieu d’être fière. Il est vrai