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mais infiniment petit. C’est ce que nous appelons l’homunculus, le petit homme. L’art qui lui a donné la vie, et qui sait entretenir cette vie, en fait une des plus singulières merveilles de la science humaine unie au pouvoir de Dieu. Ce petit être est doué d’intelligence, et sa naissance mystérieuse lui vaut la faculté de pénétrer et de nous communiquer le secret des choses les plus cachées. » Les sorciers d’alors, qui réussissaient à avoir un homuncule, le conservaient dans un bocal, et, chaque matin, l’arrosaient de vin et d’eau de rose. Il n’est pas besoin d’être un grand clerc, pour comprendre que l’homuncule de Paracelse était tout bonnement un diable à qui Satan confiait le soin de jouer cette comédie, et le magicien s’imaginait avoir créé une miniature de l’être humain !

Mais, depuis cette époque-là, le prince des ténèbres, inaugurant une nouvelle campagne, a fondé le Palladisme, a renouvelé la vieille théurgie ; il a donné à Albert Pike le livre Apadno, ce monstrueux assemblage des mensonges les plus cyniques, et il prétend, sur des dogmes de sa façon, organiser une religion essentiellement luciférienne, destinée à conquérir le monde. Alors, oui, il a posé comme dogme qu’il est, lui, le vrai facteur de l’univers, le véritable père de l’humanité. Mais alors aussi Dieu n’a plus voulu tolérer le prestige rapporté par Paracelse, et, encore une fois, Satan a été et reste vaincu.

En vain, les chimistes du Palladium s’ingénient à des combinaisons plus extravagantes et plus sacrilèges les unes que les autres ; leur résultat est nul ou presque nul.

Il est impossible de dire sans voiles dans cette publication en quoi consistent ces expériences, devant lesquelles des hommes — des hommes créés par Dieu ! — n’ont pas reculé ; néanmoins, je dois me faire comprendre en quelques mots, et cela se peut honnêtement.

Tels de ces docteurs affirment être parvenus, comme Pasteur pour les bactéries, à cultiver cette espèce d’infusoires dont la découverte est due à l’allemand Ham, et tout aussi bien des vésicules de Coste. Mais ce n’est pas tout que de mettre le vibrion de Ham en contact avec l’ovule, en s’affranchissant des lois naturelles établies par Dieu ; il faut, pour cette génération contre nature, un milieu propice, et c’est cette matière innommable que Satan apporte à ces chercheurs insensés, qui, dans le nouveau grand-œuvre, remplit la fonction de l’utérus. Cette matière, qui est gélatineuse et transparente, a la forme d’un disque convexe à sa partie supérieure et concave inférieurement ; elle est à peu près aussi grosse qu’une noix ; toutes proportions à part, je ne saurais mieux comparer cette chose qu’à un acalèphe, du genre de ces méduses que l’on trouve souvent échouées à marée basse sur le sable de nos côtes maritimes ; on dirait donc une petite méduse, mais sans les tentacules.