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poursuit l’humanité, à coups de maladies, de fléaux, de persécutions de toutes sortes.

Aujourd’hui, Satan veut montrer à l’homme, c’est-à-dire au palladiste, que la Bible ment et que c’est le livre Apadno qui dit vrai. Il prétend le prouver en déléguant à ses adeptes de premier choix ce soi-disant pouvoir qu’il possède de former et animer l’être humain, destiné à vivre et à se développer, et cela sans gestation ni parturition ; mais il exige que son élu travaille, dans son laboratoire. Pensez donc ! si l’homme n’avait, à son tour, qu’à créer sans aucun effort d’intelligence, et par la seule permission de messire Satanas, ce serait beaucoup trop simple !

Aussi, le malin a dit au docteur palladiste : « Je t’inspirerai de ma science divine ; tu seras l’auteur de l’homunculus, afin de te démontrer à toi-même qu’il n’est pas besoin d’Adonaï pour produire l’être humain, animé et intelligent. Travaille, et je t’aiderai. »

Or, pour créer à la manière palladique, il faut une matière, matière inanimée qui doit devenir vivante. Et puisqu’Adonaï a dérobé à Lucifer de son feu pour produire les maléachs, anges du mal, pourquoi Lucifer se ferait-il un scrupule de dérober à son rival un peu de cette matière à laquelle celui-ci préside ? Ce scrupule, Satan affirme qu’il ne l’a pas eu, et voilà pourquoi et comment il a remis aux Hoffmann et tutti quanti on ne sait quelle chose innommable, une prétendue matière apportée d’une planète quelconque ; de Saturne, disent quelques-uns.

L’homunculus recherché aujourd’hui n’est pas précisément ce que la sorcellerie du moyen-âge désignait sous ce nom ; mais il est bon de dire un mot de ces homuncules-là, ne serait-ce que pour mieux constater la défaite de Satan, plus complète de nos jours sur ce point qu’autrefois.

Alors, les magiciens parvenaient à obtenir quelque chose, ou, pour mieux dire, le diable leur donnait une illusion, que Dieu tolérait. Sous ce rapport, l’ouvrage de Paracelse, Archidoxorum Libri Decem (deux volumes in-4o, imprimés à Genève, en 1658), en apporte un témoignage, malgré toute la discrétion de l’auteur, démoniaque pactisant. Paracelse a écrit là une partie de la recette dont il assure avoir eu bon succès ; mais ce qu’il dit au sujet des éléments employés dans le principe de l’opération ne peut être reproduit dans une publication comme celle-ci. Pour la première partie de l’œuvre occulte, il faut tel alambic, et cela dure quarante jours. La suite de l’explication peut être reproduite. « Au bout des quarante jours, écrit Paracelse, vous verrez se mouvoir dans le récipient une petite forme humaine, parfaitement distincte, mais presque sans substance. Si vous nourrissez cet embryon avec un peu de sang humain, en ayant soin de le maintenir, pendant quarante semaines, à une température équivalente à la chaleur d’un ventre de cheval, vous verrez s’achever la création d’un véritable enfant