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— C’est à vous, tout cela, me dit mistress Booth ; heureux vous êtes, très cher frère, d’avoir reçu un tel présent du divin esprit. Oui, tout cela vous appartient… Mais quels sont donc vos mérites devant notre Dieu, pour avoir été l’objet d’une si éclatante préférence ?

En effet, ils me contemplaient avec admiration, les uns et les autres ils avaient l’air de me prendre pour un élu prédestiné, à leur façon ; le président m’invitait à clore les travaux à sa place. Je refusai tous ces honneurs, comme on pense, et je dis que je n’avais rien fait, certes, pour m’attirer une faveur privilégiée quelconque des esprits du feu. Quant aux pierres précieuses, je me gardai bien d’y toucher, et je déclarai que je les abandonnerais volontiers au triangle ; les sœurs présentes se les partagèrent, en me remerciant ; mon acte était pris pour une magnifique générosité.

Dès le lendemain matin, je m’empressai de quitter Londres ; je ne tenais aucunement à recevoir les visites de tout ce monde-là, et je sentais que l’incident avait par trop éveillé la curiosité à mon endroit.

Le lecteur, à présent, peut se faire une idée complète des évocations et des apparitions des triangles. Comme dans les œuvres de grand-rite, il y a prestige, et c’est de même le diable qui est le principal acteur de la comédie. Les palladistes sont émerveillés de ces choses extraordinaires ; c’est là leur grand argument, c’est par là qu’ils se confirment follement dans leur croyance irraisonnée à la toute-puissance de Lucifer.

Et pourtant !… Comme il leur serait facile de reconnaître la vérité, s’ils le voulaient bien !… Dans le chapitre suivant, nous allons voir l’impuissance du prince des ténèbres, lorsqu’il veut s’essayer à ce que Dieu ne lui permet pas.




CHAPITRE XLIII

La recherche de l’Homunculus


Il existe bien encore, de par le monde, quelques détraqués que hante la fameuse préoccupation des anciens alchimistes : la recherche de la pierre philosophale. Mais ce sont là, je l’ai dit, des détraqués vulgaires. La maçonnerie occulte contemporaine ne perd pas son temps à une œuvre tombée en discrédit, même parmi les suppôts du diable.

Les savants lucifériens travaillent à autre chose, au fond de leurs laboratoires maudits. Ils ont un problème soi-disant scientifique qu’ils se sont mis en tête de résoudre et qu’ils appellent « le secret des secrets ».