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Le président, s’étant assuré qu’il avait été régulièrement tuilé, l’interpella sur l’absurdité de son costume, croyant avoir affaire à un maniaque.

Notre homme répondit :

— L’absurde, ce serait que je vinsse en habit. Je suis Julien le Philosophe.

On se demandait si ce n’était pas un fou. Il comprit quelle impression il produisait ; et, afin de couper court à tout doute à son sujet, il fit onze pas en avant, au bout desquels nous le vîmes répété trois fois. Il s’était triplé instantanément. Trois empereurs Julien s’assirent sur trois chaises libres, au premier rang de la colonne du midi. Personne ne souffla mot.

— Êtes-vous convaincu de mon identité, cher grand-maître, et vous tous, mes sœurs et frères ? dit-il de ses trois bouches à la fois, tandis que ses trois bras droits esquissaient le même geste.

Sitôt dit, deux des sosies disparurent, et l’on n’aperçut plus qu’un seul empereur Julien, demeurant tranquille sur son siège, comme le premier frère venu.

Le grand-maître, très ému, mais se faisant l’interprète des sentiments de l’assemblée, fort honorée, comme on pense, d’une telle visite, l’invita à prendre place à l’orient et même à diriger les travaux.

— Je n’en ferai rien, répondit-il ; mais je vous prie de ne pas vous occuper de moi plus que d’un autre ; c’est moi qui suis heureux de me trouver en si bonne compagnie… Peut-être tout à l’heure vous demanderai-je la parole.

La tenue eut lieu comme d’ordinaire, d’après l’ordre du jour fixé. Le grand-maître, cependant, pressait les uns et les autres ; on allait, de la sorte, finir de trop bonne heure. Alors, le pseudo-Julien (car c’était un démon, n’est-ce pas ?) se fit céder la place de l’orateur et débita une abominable conférence, dont le sujet était : la mort du Christ. On l’applaudissait à tout rompre, à chaque blasphème. Après quoi, il disparut subitement dans un éclat de foudre. Le diable était rentré en enfer.

Il y a plusieurs degrés d’évocation : les petites évocations sont les appels aux trépassés ; les grandes évocations s’adressent, au contraire, aux esprits du feu, et, parmi ces dernières, les plus importantes sont celles pour obtenir l’apparition du Dieu-Bon lui-même ou de ses six premiers démons dans la hiérarchie. Les six sont eux-mêmes distribués en trois rangs : Baal-Zéboub, au premier rang ; Astaroth, Astarté, Moloch, au second ; Hermès, Ariel, au troisième.

On sait que, de tout temps, les occultistes des diverses écoles ont placé sept métaux sous l’influence de sept astres, et j’ai dit ailleurs que ces sept astres, chez les palladistes, correspondent au surplus à Lucifer et aux six esprits les plus haut placés dans la hiérarchie infernale.

Pour les grandes évocations dites du premier ordre, il y a également