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Cependant, si une cause devait être chère à la France, c’était bien celle de cette noble famille impériale de Russie, le seul gouvernement monarchique d’Europe ayant des sympathies pour notre pays. Et vraiment il y avait lieu d’agir avec énergie ; car les disciples des Bakounine, Reclus et Kropotkine ne désarmaient pas.

Deux jours après l’arrestation d’Hartmann à Paris, par conséquent le 17 février, un nouvel attentat contre le tsar par une explosion de dynamite fut commis à Saint-Pétersbourg ; l’empereur, comme par un vrai miracle, ne fut pas atteint ; mais un grand nombre de soldats de la garde y périrent. Des pouvoirs extraordinaires ayant été donnés alors au général Loris Mélikoff, comme président d’une commission exécutive supérieure, Mélikoff lui-mêmen est l’objet, le 4 mars, d’une tentative d’assassinat, de la part d’un juif, anarchiste, nommé Modetsky. Quelques-uns des coupables des crimes les plus récents, et notamment, des complices d’Hartmann sont exécutés.

Au royaume britannique, le socialisme révolutionnaire des fenians trouble de plus en plus l’Irlande : les attentats de la ligue agraire se multiplient, on en compte 2.124 dans le second semestre de 1880 ; en septembre, assassinats de sir Boyd et de lord Mountmorris, qui demeurent impunis ; le capitaine Boycott, propriétaire qui, en présence d’une grève, s’est servi de soldats pour rentrer ses récoltes, est mis en interdit, et il est réduit à quitter le pays. Désormais, on « boycottera » les fermiers qui n’obéiront pas aux sommations publiques ou occultes de la ligue anarchiste.

C’est à cette même époque que le F∴ Charles Bradlaugh fait parler de lui. Élu député à la Chambre des communes, ce franc-maçon radical refuse de prêter le serment, tel qu’il est contenant une formule religieuse. La Chambre lui conteste alors le droit de siéger ; mais le F∴ Bradlaugh offre ensuite de jurer tout ce que l’on voudra, laissant clairement entendre que le sacrilège lui est indifférent. Le gouvernement répugne à se prêter à ce jeu. Bradlaugh, qui veut siéger quand même, est enlevé de force ; puis, sur la motion du ministre Gladstone, le serment est remplacé par une affirmation. Bradlaugh est admis ; mais on n’a pas oublié qu’il renouvela ce scandale aux sessions suivantes. Or, dirai-je en passant, rien n’est plus suspect que l’athéisme du F∴ Bradlaugh ; car on l’a surtout dit athée. On n’ignore pas sa collaboration intime avec la fameuse Annie Besant, une des grandes-prêtresses de l’occultisme spirite anglais, évocatrice et luciférienne de premier ordre, digne émule de mistress Davies et de Mme  Blawatsky. Annie Besant et Bradlaugh sont inséparables dans leur haine contre l’Église ; d’où l’on peut, sans témérité, conclure que le célèbre député radical de Northampton était, en réalité, plus sataniste qu’athée. Si l’on veut examiner les termes de sa déclaration, On reconnaîtra qu’elle est à double entente. Bradlaugh, ayant à s’expliquer devant les membres d’une ligue de libre-pensée, la National Secular