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D’après le récit qui m’a été fait, on apportait chaque fois le cadavre du vieux Walder ; on le retirait du cercueil ; et, chaque fois, on constatait que la décomposition était à un degré de plus en plus avancé. C’est cette matière putrescente qui s’animait, qui se mouvait, qui parlait, une fois placée sur le siège présidentiel. En réalité, l’homme ne revivait pas ; mais le diable impuissant à redonner à ce cadavre l’âme de Philéas Walder, laquelle est aux enfers selon toute probabilité, s’y logeait lui-même et mouvait ses chairs putrides, émettait des sons par sa bouche pour achever l’illusion.

C’est précisément parce que la résurrection des morts appartient exclusivement au pouvoir divin, que le singe de Dieu a voulu donner aux palladistes charlestoniens le simulacre d’un tel miracle. Il s’est appliqué à communiquer au cadavre en voie de pourriture un semblant de vie. Au banquet de la neuvième tenue de grand-rite, le cadavre, dit-on, mangea et but ; assis à la table d’honneur, il se leva au dessert, fit remplir sa coupe par un frère servant, et porta un toast à la grande-maîtresse, assise auprès de lui et plus effrayée encore que stupéfaite. Simulacre que tout cela, duperie et singerie ! mais singerie portant bien la marque indubitable de Satan, c’est-à-dire singerie à la fois horrible et répugnante !

Il faut vraiment que le palladisme soit le comble de l’aveuglement pour colporter un pareil épisode, surtout s’il est vrai, et en tirer gloire. Vous ne voyez donc pas, malheureux que vous êtes, que vous dénoncez par là votre grand architecte comme vraiment diable ? car le mort qui est ressuscité par Dieu revit en réalité, non par intermède, mais sans interruption jusqu’à une seconde mort, comme il advint pour Lazare.

Par là, il convient de conclure ce chapitre. Les œuvres de grand-rite, malgré tout leur merveilleux, sont indubitablement diaboliques ; elles en ont tout le caractère et ne peuvent tromper le chrétien. Quant aux possédés latents qui les opèrent, ne pouvant être confondus avec les possédés ordinaires et encore moins avec les hystériques, ils sont les pires des démoniaques ; quasi-diables en quelque sorte, ils sont comme les vivantes émanations de l’enfer.



CHAPITRE XLII

Les évocations et les apparitions des Triangles.


Ce chapitre peut sembler n’avoir aucune raison d’être, étant donné le précédent où le dernier mot du diabolisme paraît avoir été dit, en ce qui concerne les œuvres magiques des ateliers de la maçonnerie luciférienne. Quels faits seraient plus extraordinaires que ceux qui viennent d’être