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En effet, il est certains cas où tels privilégiés du Palladisme peuvent se faire délivrer par les Directoires Centraux quelques patentes d’Inspecteur Général ou d’Inspectrice Générale (elles sont semblables) en mission permanente, sur lesquelles il ne reste que le nom à inscrire. Le vieux Walder en avait toujours une dizaine avec lui, dans ses voyages, et, dans la maçonnerie de parfaite ou d’imparfaite initiation, il en a toujours été de même.

Les chefs peuvent même créer des initiés à n’importe quel grade, et cela en dehors de toute tenue. Il s’ensuit qu’il existe, de par le monde, une quantité relativement assez considérable de patentes, brefs et diplômes, auxquels le nom de l’initié manque seul, et, entre le moment où ce titre est délivré par le chef privilégié et celui où le nom du titulaire est enregistré au directoire, il s’écoule assez de temps pour qu’on puisse en user, sans qu’aucun grand-maître de triangle ait à refuser l’entrée au visiteur ; c’est là une des conséquences forcées de la vaste propagande secrète, à laquelle se livre la secte internationale.

Je me hâte de dire que ce n’est pas ainsi que j’ai procédé pour pouvoir manœuvrer encore ; mais, pour Lemmi, le résultat est le même ; il lui est impossible de découvrir mes moyens de lui faire pièce, si j’en use avec la prudence et l’habileté nécessaires.

Ainsi, quand miss Vaughan, qui avait une situation des plus élevées dans la haute-maçonnerie, donna sa démission, elle était possesseur de nombreuses patentes en blanc, émanant des quatre Grands Directoires Centraux, et, comme elle ne les à pas rendues à Lemmi, l’usage qu’elle peut en faire cause certainement à celui-ci un souci, une préoccupation, un ennui qui n’est pas des moindres, vous pouvez le croire. M. Margiotta, lui aussi sans doute, a pu, entre le jour de sa conversion et celui de sa démission officielle, créer ainsi des initiés fictifs jusqu’à tel ou tel grade suivant ses pouvoirs ; j’ignore s’il en a usé ; en tout cas, le Directoire Suprême ne peut connaître exactement la situation.

Cela est si vrai, les inquiétudes à ce sujet sont si grandes, que Lemmi a cru nécessaire de faire publier une lettre dans laquelle il qualifie M. Margiotta de maçon irrégulier, dont tous les actes maçonniques, antérieurs même à sa démission du 6 septembre 1894, seraient sans valeur ; au fond, il s’agit uniquement de rassurer les maçons, perplexes depuis mes révélations et celles de M. Margiotta, depuis la révolte de miss Vaughan, qui tous ne savent plus où ils en sont et dans les moindres loges se regardent en chiens de faïence, en se demandant qui parmi eux peut bien être un émissaire de la révoltée ou de ses amis.

Mais Lemmi a beau faire et beau dire ; il ne peut rien contre cette situation, elle est inextricable ; telles patentes sont de vrais passeports devant lesquels