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cela m’a été confirmé ensuite par le F∴ Pixly fils, qui vint à Paris en 1894.

Miss Vaughan, tout en s’étant installée à New-York, ne négligeait pas ses amis des Onze-Sept. On sait avec quel entrain les Américains des États-Unis entreprennent des voyages ; aussi, la grande-maîtresse du triangle Phébé-la-Rose s’échappait-elle volontiers de la métropole pour venir serrer la main aux palladistes de Louisville et faire de rapides excursions dans son cher Kentucky.

Dans une de ces échappées, on avait décidé, entre quelques-uns, de rendre visite au Mammoth Cave, qui est situé, on ne l’ignore pas, dans le Kentucky, et qui a donné naissance à la ville de Cave City, sur la ligne de Louisville à Nashville.

De toutes les grottes connues dans le monde entier, le Mammoth Cave est sans contredit la plus spacieuse, et sa beauté est telle que les Américains disent qu’elle aurait été appelée par les anciens la huitième merveille, si l’Amérique avait été découverte de leur temps. Pour qu’on se rende compte de son tendue, il suffira de dire que la galerie principale de cette grotte est longue d’une quinzaine de kilomètres, que l’ensemble du labyrinthe actuellement exploré comprend plus de 200 allées, ayant un développement total de 240 kilomètres, et que le vide des rochers représente un cube de onze milliards de mètres cubes. Nulle part, en notre globe terrestre, on ne trouve un souterrain semblable, avec des saillies aussi élevées, des voûtes à pendentifs aussi belles. Là, les excentricités de la nature sont des plus fantastiques : salles à hautes coupoles, nefs ogivales ou à plein cintre, colonnades de stalagmites, groupes de statues gigantesques, fines broderies des roches, couloirs étroits et périlleux escaliers, stalactites brillantes et immenses qui ressemblent à des collines suspendues, cascades tonnantes, rivières et torrents, abîmes qui s’enfoncent jusqu’à cent milles de profondeur, assure-t-on ; on y rencontre des lacs, dont les deux principaux sont nommés le Lac Intérieur et la Mer Morte. Pour visiter d’une façon intéressante le Mammoth Cave, « la caverne du Mammouth », il faut trois journées entières.

Or, quand nos palladistes, guidés par un frère de l’endroit, se furent enfoncés loin dans ces régions souterraines, ils ne manquèrent pas de se livrer à leur passe-temps favori ; l’occasion de tenir une petite séance d’occultisme intime était trop belle pour la laisser échapper. Ce fut aux bords de la Mer Morte que l’on se proposa de faire les évocations ; on avait apporté quelques instruments magiques, et l’on allait user des formules rituelles. Les touristes occultistes se groupèrent au pied d’une falaise qui s’avancer, en surplombant, comme une proue de navire armée d’un formidable éperon à sa partie supérieure.